Au Luxembourg, les ministres des Finances passent et une promesse reste : faire que le taux d’imposition ne dépende plus de votre situation de famille mais de vos seuls revenus. Une individualisation que promettait déjà, en 2019, Pierre Gramegna (DP). Que sa successeuse Yuriko Backes (DP) avait repris avant que la crise Covid ne vienne balayer tout espoir de refonte fiscale. Et que, maintenant, Gilles Roth (CSV), nouveau gestionnaire des deniers de l’État, reprend.

Le ministre chrétien-social a confirmé cet axe de la politique fiscale du nouveau gouvernement. Au micro de 100,7, l’ancien bourgmestre de Mamer a ainsi assuré qu’un projet de réforme global serait sur la table pour 2026. Certes, cela parait loin, mais les conséquences d’une telle réforme nécessite un certain temps d’analyse.

Si DP et CSV sont d’avis qu’il faut « réduire la charge fiscale des petits et moyens revenus », les formations de Luc Frieden et Xavier Bettel s’entendent aussi pour en finir “vite” avec le caractère injuste du système d’imposition actuel. Dispositif qui faisait qu’un-e célibataire, divorcé-e payait deux fois plus d’impôt sur le revenu que le même individu en couple.

Un ralliement au-delà des partis

Si l’aberration était dénoncée depuis des années par de nombreuses familles monoparentales notamment, les récentes volontés de gommer cette différence avaient toutes été remises à plus tard, Covid, guerre en Ukraine et autre flambée de l’inflation invitant l’exécutif à ne pas bouleverser l’ordre établi.

Comme l’idée fait autant partie de l’actuel Accord de coalition qu’elle ne l’était dans le pacte signé pour 2018-23 par Verts (déi Gréng) et Socialistes (LSAP) pour le précédent gouvernement, l’initiative devrait rallier bon nombre de parlementaires à sa cause. Et c’est ce que souhaite Gilles Roth en espérant un « large consensus » sur cette individualisation qui pourrait alors devenir réalité d’ici 2028.

Sachant que bien avant cette date, la classe 1A (célibataires, veufs, etc) sera revue.

Mais un chantier plus prioritaire encore attend le ministre des Finances : rédiger un texte sur le réajustement des barèmes fiscaux et le faire adopter, avant Noël, à la Chambre des députés. Car pour ce 1er janvier 2024, la nouvelle majorité souhaite “rattraper” quatre tranches indiciaires sur la fixation des seuils fiscaux actuels.

Autrement dit : réhausser d’un peu plus de 10% les diverses tranches d’imposition instaurées. De quoi logiquement faire baisser la pression fiscale pour de nombreux contribuables, résidents comme frontaliers. Un geste plus fort encore que celui convenu lors de la dernière tripartite où il n’était question d’une réévalusation à hauteur de 2,5 tranches.

« Si l’on ne procède pas à une correction de l'inflation à partir du barème fiscal, on active en fait une augmentation d’impôt déguisée. Et c’est certainement contre-productif lors d’une politique anticyclique », a commenté le ministre. Un avis martelé par les trois grands syndicats (OGBL, LCGB et CGFP) depuis plusieurs années et qui a fini par convaincre.

Pour information, l'impôt sur le revenu 2023 devrait rapporter aux finances publiques luxembourgeoises de l'ordre de 6 milliards d'euros sur les 24 milliards de recettes attendues par l'Administration centrale.

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La réponse figure dans notre GUIDE DES IMPÔTS