Cette fois, c’est la bonne ! Après avoir raté le coche en 2013 et 2018, le parti chrétien-social luxembourgeois (CSV) revient à la direction du pays. Et le CSV le doit à un “homme providentiel“, poussé par les circonstances à sortir de dix années d'”exil politique” : Luc Frieden. Nouveau Premier ministre certes, mais tout sauf un débutant !

Celui qui, durant la récente campagne des législatives, jurait « On ne fait pas de politiques pour obtenir des places”, les aura pourtant toutes occupées depuis qu’il a pris sa carte du CSV en 1993. Trois décennies d’engagement dont… la moitié comme ministre (!) derrière l’inusable Jean-Claude Juncker.

À l’origine

Brillant. C’est un adjectif qui colle aux basques de Luc Frieden. Né à Esch-sur-Alzette en 1963, le Luxembourgeois est une tête bien faite, bien pleine. Lycée Athénée dans la capitale, Droit à Paris-Sorbonne, poursuite de ses études supérieures dans les prestigieuses universités de Cambridge et Harvard, Luc Frieden revient au Grand-Duché pour y exercer comme avocat.

Mais c’est bien la politique qui l’attire. Et 1994, le voit faire ses premiers pas sous les couleurs du CSV et décrocher son premier mandat de député. Quatre ans plus tard, le voilà appelé à devenir ministre. Il a 34 ans et le voilà en charge de la Justice, des relations avec le parlement et du Budget. Rien de moins !

Docteur expérience et…

Austère et travailleur, Luc Frieden va vite devenir indispensable aux côtés de Jean-Claude Juncker. Il en sera le ministre couteau-suisse (nommé aussi bien à la Défense, Sécurité intérieure, Communication et toujours aux Finances). Un bras droit qui va devenir le… dauphin de son mentor.

Arrivée de l’euro, vote du PACS, introduction de la double nationalité, développement de la Place financière de Luxembourg: voilà quelques-uns des dossiers auxquels son nom reste associé. Mais en 2013, c’est bien au libéral Xavier Bettel que va revenir la place de Premier ministre… De quoi casser un ressort en celui qui venait de dédier 15 années de sa vie aux gouvernements luxembourgeois, quitte forcément à sacrifier une partie de sa vie personnelle (marié, deux enfants).

Adieu alors le pays, bonjour Londres au service d’une grande banque internationale. L’exil durera trois ans avant le retour sur ses terres. Avec là encore des prises de responsabilités tous azimuts (Luxembourger Wort, membre du conseil d’administration de la BIL, présidence de la Chambre de commerce, etc).

… Mister crise

Auréolé d’un statut de “sauveur”. C’est ainsi que Luc Frieden apparaissait au début des années 2010. Aux commandes de la politique économique du Grand-Duché, l’homme avait en effet su agir vite, fort et habilement pour que le Luxembourg échappe au mieux à la crise mondiale de 2008.

« Oui, nous avons d’abord sauvé les banques mais c’est parce que nous voulions surtout sauver leurs clients !», justifiait-il alors pour expliquer l’interventionnisme de l’État au secours du secteur bancaire en pleine déroute (Dexia-Bil notamment). Au sortir de la crise, le Luxembourg avait su conserver un élan économique pour lequel entreprises, habitants et de nombreux frontaliers étaient reconnaissants.

Aujourd’hui, alors qu’une récession se rapproche, que la frilosité gagne les entreprises, que les prix de l’énergie restent une préoccupation et que le chômage reprend, revoilà donc Luc Frieden aux commandes. Comme si le pays lui redonnait l’autorisation de revêtir sa tenue de Mister Crise Luxembourg. Même Jean-Paul Juncker y va de son compliment : « Je connais son énergie et son courage dans les moments difficiles, donc je suis rassuré pour l’avenir de mon pays ! »

Luc Frieden (et ses alliés du DP) ont maintenant cinq ans pour convaincre.

Le 17 novembre, Xavier Bettel a remis les clés du ministère d’État à son successeur. Luc Frieden lui confiant le ministère des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement. © SIP / Jean-Christophe Verhaegen

 

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