Pour l’état civil, c’est clair : la Ville de Luxembourg compte 132.800 habitants. Mais pas sûr que ce chiffrage tienne compte des malheureux qui, de jour comme de nuit, hantent ses rues. Ces sans-domicile fixe que des milliers de personnes croisent sans savoir qui ils sont, le ministère de l’Intégration a voulu mieux les connaître. Leur nombre, comme leur parcours.

Et c’est ainsi qu’un recensement inédit a été mis en place l’automne dernier dans les rues et les lieux d’hébergement de la capitale. A charge pour les travailleurs d’Inter-Actions d’aller à la rencontre de ces personnes en difficulté. Au total, ce sont ainsi 197 hommes et femmes sans adresse qui ont été comptabilisées sur l’ensemble des 24 quartiers de la Ville, des plus chics au plus populaires.

Questionnaires en main, les équipes mobilisées ont pu en savoir plus ces marginaux. Leur âge moyen (42 ans), leur sexe (86% d’hommes), leur lieu de sommeil (dehors pour 46%), degré d’isolement (82% sont suivis) et ainsi de suite. L’idée étant d’ « entendre les besoins exprimés pour mieux y répondre », justifie la ministre Corinne Cahen pour qui s’étonnerait de cette opération de chiffrage.

Le logement ? Un rêve…

De l’enquête, on découvre ainsi que les trois quarts des sans-abris rencontrés ne sont pas originaires du Grand-Duché. 82% des SDF de la capitale étant d’origine européenne.

Avec quoi vivent-ils ? De la mendicité pour un tiers d’entre eux (34%), du Revenu d’inclusion REVIS (12%) et pour 8% d’un travail déclaré mais dont le revenu ne leur permet pas d’accéder à un logement ou à y rester. D’ailleurs se trouver un toit et quatre murs reste LE projet le plus souvent revenu au fil des entretiens (72%).

La rue, la plupart des sans-abri croisés y résident depuis plusieurs années. Pas forcément 24h/24 puisque un tiers dorment en centres d'hébergement la nuit, mais les journées se passent au-dehors. Et pour près de 33% des SDF questionnés, la situation dure déjà depuis plus de 5 ans...

Si ce "recensement" (premier du genre) était un projet-pilote, l'opération sera reconduite dans le courant de l'année. Mais plus sur une seule soirée, mais bien sur deux périodes cette fois. Tout d'abord au printemps lorsque les températures sont plus clémentes et une seconde fois à l’ouverture de l'hébergement hivernal, la Wanteraktioun.

Mais au-delà du constat, il faudra aussi que des conclusions -et donc des actions- sortent de cette opération. S'il apparait que les SDF interrogés connaissent les organismes pouvant leur venir en aide (Croix Rouge luxembourgeoise en tête), la prise en compte des besoins est plus vaste qu'un coup de pouce ponctuel, même quotidien.

Sachant que toute cette misère s'enracine dans un pays que le Fonds monétaire international qualifiait encore, en début d'année, de "plus riche du monde". Le FMI se basant sur le PIB par habitant dont le montant s'établit à 146.260 dollars par tête...

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