Des retraites à payer, il y en a déjà beaucoup pour la CNAP au Luxembourg. Ainsi, en 2022, la Caisse nationale d’assurance pensions a-t-elle veillé à plus de 148.000 versements chaque mois. Et déjà on sait que le nombre de demandeurs et de bénéficiaires va aller crescendo dans les années à venir…

Malheureusement, il est aussi connu qu’à ce rythme le dispositif actuel ne pourra fonctionner tel quel passée 2027. D’ici quatre ans, les cotisations ne suffiront plus à couvrir les dépenses engagées. Ce 1er pilier du système de retraite étant défaillant, la nouvelle majorité n’a pas caché son intention de renforcer les deux autres piliers de la prévoyance vieillesse. Soit les pensions complémentaires et les assurances privées.

Trois semaines après la désignation du nouveau gouvernement, voilà donc déjà la ministre de la Sécurité sociale posant les premiers jalons d’un chantier… de longue haleine. Car nul doute que Martine Deprez (CSV), les députés luxembourgeois et les partenaires sociaux vont encore discuter des heures, des jours, des semaines et des mois sur la réforme à envisager. « Une large consultation » s’imposant « afin de trouver un consensus à ce sujet » selon la majorité CSV-DP.

Mais la tache ne sera pas facile pour Chrétiens-sociaux et Libéraux pour trouver la formule fédératrice. Et déjà, mercredi à la Chambre, les échanges ont donné le ton des débats animés à venir.

Pour les uns, il faut réfléchir à faire cotiser plus les entreprises. Une hypothèse que la ministre préfère bouder pour le moment, surtout après que les sociétés luxembourgeoises aient eu à supporter le poids financier de plusieurs index consécutif... Pour d'autres, il est temps de faire payer les machines. Autrement dit : ne pas faire reposer la charge des cotisations uniquement sur le personnel en place mais peut-être aussi sur les technologies mises en place pour gagner en productivité. Là, la porte est plus ouverte.

Mais déjà LSAP, Déi gréng ou Déi Lénk ont fait part de leurs inquiétudes. Gare à ne pas aller vers un système où qui cotiserait seulement au 1er pilier se retrouverait avec une pension vraiment minime. Une autre problématique serait le prolongation de la durée de cotisations (donc de la carrière) nécessaire pour solliciter une pension partielle ou totale. Le fameux palier des 57 ans s'effondrerait alors.

Attention aussi, à ce que l'État ne perde pas plus d'argent à encourager une certaine "privatisation" des futures retraites (via des abaissements d'impôts) qu'il n'en aurait dépensé à financer plus le système.

C'est pourtant bien par le biais d'allégements fiscaux que le gouvernement envisage de fortifier le futur dispositif. Pour que les entreprises soient plus enclines à cofinancer un régime complémentaire ou que les salariés, résidents comme frontaliers, mettent plus de côté pour s'assurer de plus d'euros une fois achevée leur carrière et la retraite de base attribuée.

Pour l'heure, on en reste au stade des déclarations d'intention mais d'ici peu, la scène 2, il faudra rentrer dans le vif des débats. Et autant les mesures fiscales annoncées jusqu'alors ont été bien accueillies, autant sur les pensions le duo Frieden-Bettel risque gros.

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