2,112 euros le litre. Ne cherchez pas, jamais avant ce 10 mars 2022, le diesel n’avait coûté aussi cher au Luxembourg. Panique chez les automobilistes la veille, rush sur les pompes et ristourne immédiate (de 41 cents/l !) du gouvernement pour désamorcer la crise. Huit mois plus tard d’aucuns craignent un phénomène semblable…

Cette fois, ce n’est plus le déclenchement de la guerre en Ukraine qui est en cause, mais les sanctions à l’égard de Moscou qui en découlent. En effet, l’UE a décidé de stopper net désormais toute livraison en produits pétroliers raffinés provenant de Russie. “Raffiné” comme peuvent l’être le diesel, le mazout ou certains lubrifiants.

Jusqu’à présent, les groupes pétroliers européens continuaient à s’approvisionner depuis “la Mère Patrie”, un peu moins en brut, quasiment toujours autant en diesel. Alors, certes les prix des carburants jouaient au yoyo mais –contrairement à l’énergie– nulle menace de pénurie n’était clairement agitée auprès des stations-services. Qu’en sera-t-il cette fois ?

La question est d’autant plus importante au Luxembourg que son approvisionnement dépend à 100% de raffineries étrangères. D’autant que le diesel reste le 1er carburant vendu au pays.

D'autant que les recettes fiscales liées aux ventes de gasoil routier comptent dans le budget de l'Etat  (572 millions d'euros perçus en 2022).

D'autant que le Grand-Duché sert aussi de pompe à essence pour de nombreux frontaliers. Bref, une goutte de diesel vient à manquer et tout est dépeuplé...

D'autant que c'est ce "même" mazout qui sert aux moteurs de véhicules mais aussi pour le chauffage de certains habitants. Mazout pour lequel l'Etat a déjà mis en place une "compensation" de 15 cents/l depuis octobre dernier. Déduction en place jusque fin 2023.

Pas d'approvisionnement en direct

Pour l'heure, nul ne s'avance sur une possible flambée des prix. Les experts notent toutefois que, depuis le début de l'année, les tarifs du diesel ont sensiblement été agités. Oscillant entre 1,57 à 1,70 € (quand le 12 octobre dernier, les compteurs affichaient encore 2,08 €).

Cette "volatilité" fait dire à Jean-Marc Zahlen, conseiller Energie et Environnement à la Fédil : « Pour l'instant, il reste encore difficile/impossible de saisir les tendances des prix pour les prochaines semaines ».

Si aucun pipe-line n'achemine le pétrole raffiné de Russie au Grand-Duché, le pays s'en remet donc au marché international. Le tout est de savoir s'il trouvera des "fournisseurs alternatifs". Des pays déjà sous pression par la reprise de l'activité post-Covid, de nouvelles demandes post déclaration de guerre et à qui l'on va demander plus de barils encore.

Et des barils il en faut beaucoup. Pour se faire une idée, l'an passé, les besoins en diesel du Luxembourg ont dépassé les 1,5 millions de tonnes. Et 2022 était une année noire (-15% en volume vendu)...

Mais, au nom des représentants pétroliers du Grand-Duché, Jean-Marc Zahlen commente : « Plusieurs pays européens comme l'Allemagne sont encore fortement dépendants des "distillats moyens" russes et augmenteront la demande sur d'autres marchés. Le Luxembourg s’approvisionne avant tout sur le marché BeNeLux et en Allemagne, il n’y a donc pas d’impact direct de l’embargo sur la provenance des produits importés au Luxembourg. En ce jour, nous ne voyons pas que la sécurité d’approvisionnement du Luxembourg serait impactée à court terme ». Ouf, rassurant.

 

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