Il n’y a pas que les foyers des Européens qu’il faudra penser à réchauffer cet hiver, mais également les relations franco-allemandes. Au cœur des discordes : l’assurance de pouvoir chauffer et éclairer dans les meilleures conditions (et dans l’idéal au moindre coût) sa population !

Et à ce « jeu », les Allemands, qui pensaient avoir fait le plus gros effort en remplissant en catastrophe leurs réserves de gaz se voient aujourd’hui heurtés à un frein de taille en ce qui concerne l’électricité : le piètre réseau français.

Une situation « plus mauvaise que prévue »

En Europe, il est habituel que le gaz et l’électricité circulent sur les différents réseaux interconnectés des pays de l’U.E. Aussi, la France envoie généralement de l’électricité chez ses voisins, notamment outre-Rhin. Une électricité produite dans son écrasante majorité dans les centrales nucléaires du territoire.

Oui mais voilà : depuis plusieurs semaines, les centrales françaises font grise mine. Entre problèmes croissants de corrosion et opérations de maintenance, prévues de longue date ou organisées dans l’urgence, le parc nucléaire français marque le pas avec actuellement pas moins de 25 réacteurs à l’arrêt, sur les 56 que compte l’Hexagone.

Si EDF a promis un redémarrage graduel d’ici février, pour les Allemands il y a urgence comme l’a rappelé cette semaine Robert Habeck, le ministre de l’Économie du chancelier Olaf Scholz : « La situation est pire que prévu (…) Il y a un manque de volumes d’électricité, que l’Allemagne compense en partie avec de l’électricité provenant de centrales au gaz. »

Agacé, Robert Habeck rejette la faute sur les voisins français en affirmant que la situation en France quant à l’approvisionnement par le nucléaire « n’était pas la bonne et s’est considérablement détériorée les semaines passées ».

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Jamais mieux servi que par soi-même

Face aux défaillances du parc nucléaire français, le gouvernement allemand a donc décidé de prendre le problème à bras le corps en maintenant en veille deux des trois réacteurs que compte le pays et ce, au moins jusqu’au printemps prochain.

Sont ainsi concernées la centrale Isar 2 située près de Munich et la centrale de Neckarwestheim dans le sud-ouest. Il n’est en revanche pas prévu à ce stade de maintenir en veille la troisième centrale allemande, basée en Basse-Saxe.

Si les deux centrales ne seront utilisées qu’en dernier recours, en cas d’urgence énergétique manifeste, le fait de voir le nucléaire toujours présent cristallise les tensions dans un pays majoritaire réfractaire (et depuis longtemps) à l’énergie produite par l’atome.

En témoigne les réactions plus qu’hostiles de l’opinion et de la classe politique allemande aux déclarations du ministre de l’Économie, bien que ce dernier ne se soit pourtant pas privé de préciser que ces décisions étaient aussi le résultat « des affirmations de l’exploitant français EDF, qui se sont avérées souvent trop positives ». Pas de doute, la fraîcheur sera bien de retour avec l’hiver…

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