Pascal Peuvrel et Georges Gondon ont quelques batailles (et victoires) à leur palmarès. Leur “sport” : la défense des frontaliers depuis des années. La répartition des bourses d’études à égalité entre jeunes Luxembourgeois et enfants de frontaliers, c’est eux. Une plus juste distribution des allocations familiales entre résidents et salariés venus de la Grande région, c’est encore eux. Etc. « Mais à bien y réfléchir, nous intervenions à chaque fois en fin de chaîne. Quand les gens subissaient les inconvénients de mauvaises lois ou mauvaises interprétations des textes. Maintenant, nous voulons agir avant d’en arriver là. »

Aussi, l’avocat français et l’ex-représentant des frontaliers belges au Conseil national des étrangers ont décidé d’entamer une nouvelle action : créer une association pour « fédérer les idées, les envies, les réflexions » des 123.000 employés venant chaque jour de l’Hexagone et des 52.000 issus du Royaume qui travaillent au Grand-Duché. D’où la naissance de l’association “Frontaliers Luxembourg“. Tant pis pour l’originalité du nom, « on préfère l’efficacité de la démarche ! », tranche le binôme.

À les entendre, les frontaliers n’auraient pas suffisamment l’oreille des autorités luxembourgeoises. Certes, les États voisins communiquent mais la voix des particuliers ne serait pas suffisamment entendue. « Sur la fiscalité, par exemple, tout est géré via des conventions bi-nationales dont on s’aperçoit souvent qu’elles engendrent des couacs faute d’avoir pris en compte des réalités du quotidien. Si les ministères avaient pris le temps d’écouter celles et ceux qui vivent le quotidien de salariés-contribuables, cela se passerait différemment... »

Améliorer le statut du frontalier

Pour les initiateurs de Frontaliers Luxembourg, même une institution comme la Chambre des salariés n’est pas suffisamment représentative des navetteurs franco-belges. « Oui, les frontaliers peuvent voter pour désigner les élus de la CSL, mais au final combien de frontaliers sur les 60 élus ? » Une poignée en réalité alors que la main d’œuvre venues de Lorraine, Wallonie (ou même Sarre) pèse autant que celle résidant au pays.

Même les nouvelles formes de consultation des frontaliers dans les communes ne trouvent pas grâce aux yeux du duo. « Qui les connaît ? Qui les fréquente ? » Et toc !

Maintenant qu’une entité juridique de droit luxembourgeois a été fondée, Georges Godon et Pascal Peuvrel en appellent aux bonnes volontés, à qui a des idées pour améliorer le statut du frontalier, qui possède une expertise sur une question sociale et souhaite faire avancer le débat.

« Dans chacun de nos pays, il existe déjà des structures renseignant les frontaliers sur les démarches administratives, leurs droits, ce ne sera pas notre rôle. Nous nous concentrerons sur des sujets sur lesquels nous sommes porteurs d'une expertise d'usagers. Cela ne remet pas en cause le poids des élus nationaux qui veillent aux question transfrontalières, mais c'est un message que les dirigeants luxembourgeois doivent être en mesure d'entendre au-delà du seul point de vue politique ou administratif », indiquent les deux membres fondateurs qui attendent maintenant d'être rejoints.

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