Changer les règles d’attribution des futures retraites au Luxembourg : le nouveau gouvernement l’avait annoncé dans son Accord de coalition, et voilà le chantier passant de l’intention aux discussions. Au micro de RTL, la ministre de la Sécurité Sociale a ainsi annoncé que les premiers échanges sur le sujet débuteraient à la rentrée prochaine. Et Martine Deprez d’espérer qu’alors « beaucoup de gens créatifs » viendront aider la nouvelle majorité CSV-DP à trancher sur cette réforme.

Des avis, la ministre ne devaient pas en manquer… Pas forcément tous dans la tonalité gouvernementale bien entendu. Déjà, à l’occasion du 1er Mai, les syndicats OGBL et LCGB ont fait part de leurs… réticences. L’organisation dirigée par Nora Back craignant d’avance « une  dégradation du système de pensions », celle de Patrick Dury « s’opposant catégoriquement au démantèlement du système de pension basé sur la solidarité ». Il y a quelques jours encore, l’OGBL se rapprochait du parti de gauche Déi Lenk pour « faire bloc » contre une possible « menace d’appauvrissement des futures générations de retraités ». Le ton est donné !

Car si aujourd’hui, quelque 190.000 pensions vieillesse sont versées par la CNAP à d’ancien-ne-s salariés résidents ou frontaliers, on sait déjà que le nombre de bénéficiaires va beaucoup progresser. Il est question de 670.000 bénéficiaires d’ici 2070.

Et si le nombre des retraités du Luxembourg va bondir, ces derniers vont aussi être à l’origine de dépenses pendant plus de temps que leurs aînés des générations d’avant (allongement de la durée de vie oblige…). Le volume de cotisants ne pouvant grimper aussi vite, le Premier ministre et sa coalition se préoccupent donc dès maintenant du financement du système à venir…

La Chambre des salariés a déjà fait savoir qu'elle ne croyait pas dans le "scénario catastrophe" avancé. Celui qui consiste à dire que, dès 2027, le régime sera déficitaire (les dépenses de l'assurance pension dépassant ses recettes) ou que le système actuel est voué à une mort certaine.

La CSL estime, elle, que les projections à long terme se sont pas fiables. Sans oublier que le régime général dispose encore d'une réserve dépassant les 24 milliards euros. Somme qui devrait possiblement permettre d'amortir toute volonté de trop augmenter les taux de cotisations sur les salariés en activité, par exemple...

Côté patronal aussi les suggestions fusent. Cette semaine, la Chambre de commerce a avancé ses pistes. Selon ses membres, il serait intéressant d'envisager de « réduire l'écart entre l’âge légal de la retraite (65 ans) et l'âge effectif moyen de départ en retraite (61 ans) ». Ou encore la mise en place de périodes d’assurances complémentaires, la hausse de l'âge légal, l'augmentation des cotisations (17%) voire la suppression de l’allocation de fin d’année des pensions.

Au gouvernement, on n'a jamais caché son intention de renforcer la part laissée aux deuxième et troisième piliers du système de retraitement. Autrement dit le renforcement de "Plans de pension" mis en place directement par les employeurs pour leur personnel mais aussi un régime d'assurance-vieillesse plus basé sur l'épargne individuelle que le salarié voudra bien consacrer à ses vieux jours.

Mais pas question d'agir dans la précipitation. Le gouvernement veut laisser du temps aux échanges avec de nombreuses conférences, consultations et tables rondes organisées dans les prochains mois.

En rubrique EMPLOI, apprenez- en plus sur le droit de salariés