Cabinet spécialiste en ressources humaines, SD Worx a épluché les données salariales anonymisées de plus de 800.000 travailleurs belges en poste chez 23.000 employeurs privé. Et, pour la première fois depuis longtemps, constat est fait que l’absentéisme de courte durée (moins d’un mois) a bien reculé au Royaume l’an dernier. De là à applaudir les salariés belges comme les “nouveaux Stakhanov”, il y a tout de même un pas…

Certes, il faut saluer le présentiel à 100 % d’1 salarié sur 3 sur tout 2023 mais il n’empêche que l’absentéisme de moyenne durée (d’1 mois à 1 an) a lui progressé. Et il là question d’un allongement du nombre jours d’arrêt maladie octroyés plutôt qu’une hausse du nombre de personnels concernés.

Reste qu’en moyenne, les salariés belges ont été absents de leur poste de l’ordre de 12 jours au fil des douze mois. Soit un taux global d’absentéisme tournant autour des 🇧🇪3,7 %. Combien ?, doivent s’esclaffer de nombreux recruteurs de la Grande Région. Car l’assurance de disposer autant de la présence et donc de l’activité d’un personnel varie (beaucoup) d’un pays à l’autre.

Un record « choquant »

La “pire” situation est mesurée en Allemagne. Le taux d’absentéisme y dépasse les 6 %🇩🇪. Cela tandis que France et Luxembourg se tiennent au coude-à-coude avec un taux proche des 🇱🇺5,2 %🇫🇷. Et au Grand-Duché, du côté du patronat, on a de plus en plus de mal à accepter de voir augmenter les cas d’employés signalant un l’arrêt pour cause médicale, empêchés pour raisons familiales ou manquant cruellement de ponctualité pou d’assiduité à leur poste…

Il est vrai qu’il y a une décennie encore, le phénomène était loin d’avoir la même ampleur. Dans les usines ou entreprises luxembourgeoises, l’absentéisme annuel avoisinait juste les 3,5%… Et avec cette progression, c’est aussi le coût sur les finances de l’État – via la CNS,Caisse nationale de santé – mais aussi sur les charges des employeurs qui a explosé. Pour la 1ère fois, en 2022, l’impact de ces absences a été chiffré au-delà du milliard d’euros

En début d’année, la Fédil (Fédération des industriels luxembourgeois) rappelait combien ce nouveau record était « choquant » à ses yeux. D’autant que l’estimation de l’Inspection générale de la sécurité social n’additionnait pas des “coûts annexes” comme les heures supplémentaires à payer aux autres collaborateurs pour rattraper le travail de l’absent-e, les frais à payer pour d’éventuels retards, le recours à des intérimaires pour remplacer…

Aussi, la présidente Michèle Detaille, avait tapé du poing à l'heure de présenter ses vœux pour 2024. Suggérant, par exemple, au nouveau Premier ministre Luc Frieden et son ministre du travail Georges Mischo d'appliquer à l'avenir un jour de carence. Une première journée out du salarié que l'employeur n'aurait plus à rémunérer.

À défaut de ne pas être "sanctionnés" au portemonnaie pour des absences courtes (mais parfois multiples), certains salariés y reverraient à deux fois avant de faire faux bond à leur mission. Tout comme multiplier les inspections de la CNS pour vérifier l'état réel de santé ou la validité des causes de non-présence avances, semble un bon moyen de freiner certaines "déviances".

La Fédil évoque aussi l'usage plus large des contre-examens médicaux. Là encore, un moyen pour l'employeur (qui assure le versement du revenu durant les treize premières semaines de l'arrêt) de s'assurer de la cause réelle et sérieuse de l'incapacité de travail motivant l'absence. La mesure existe déjà dans la loi mais n'est que peu souvent appliquée.

L'avenir dira si le gouvernement CSV-DP suivra ces orientations. Toujours est-il que dans leur Accord de coalition, les deux partis ont mentionné leur souhait d' « analyser les raisons du taux d'absentéisme, mener des actions de prévention en concertation avec les parties prenantes et lutter contre toute forme d'abus ».

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