850 millions d’euros : voilà ce que devrait coûter cette année au gouvernement luxembourgeois le dernier accord sorti de la tripartite du 3 mars dernier. Une somme en grande partie (500 M€) dédiée aux adaptations fiscales dont bénéficieront l’ensemble des salariés et retraités du pays. Pour le reste, une partie a été fléchée afin que les mois à venir ne se traduisent pas par « des répercussions négatives sur la compétitivité des entreprises ».

Car si la crise impacte le pouvoir d’achat des ménages, elle ne ménage pas non plus les employeurs. D’ailleurs, dès les premières lignes de l’accord, il est fait état des « nombreuses entreprises sous pression». Et clairement, le directeur de l’Union des entreprises (UEL) l’admet : « Il fallait réagir avant que le possible “choc inflationniste” envisagé pour 2024 par le Statec ne frappe. Nous attendions de cette rencontre qu’elle offre de la perspective aux entreprises, de la prévisibilité sur leurs dépenses : c’est fait ».

Un 3ème index compensé

Premier soulagement : les entreprises n’auront pas à supporter le poids financier de la 3ème augmentation de salaire prévue fin 2023. Le gouvernement s’y était engagé, il a cette fois donné des gages sur la méthode. Le taux de cotisation des sociétés à la Mutualité des employeurs va être révisé, à la baisse. De quoi réduire une charge financière pour l’ensemble du secteur privé luxembourgeois.

Le geste coûtera près de 60 millions d’euros chaque mois à l’Etat. Somme qui sera versée entre le déclenchement de l’index attendu au 4e trimestre et le 31 décembre 2023.

La mesure bénéficiera même d’un mois de bonus. La tripartite ayant acté la prolongation du dispositif en incluant janvier 2024.

De l’avis de Jean-Paul Olinger, la mesure est d’autant plus positive qu’elle va permettre aux sociétés de “se remettre” des deux hausses successives de l’index (février puis avril 2023). « Là, on sait que d’ici le prochain index (possiblement en février 2024), il y a 9 mois pour anticiper le coût de la hausse de 2,5% des salaires. Et huit mois ensuite si un second index venait à être décidé en octobre, si l’on se base sur le scénario central du Statec. C’est un temps nécessaire pour mieux anticiper cette dépense qui ne tient pas à la bonne santé ou non de nos activités. »

Les représentants de l’Union des entreprises, de Chambre des métiers, de l’ACA, de la Fédération des artisans et de ma Confédération du commerce à leur arrivée à la dernière tripartite.

Un soutien prolongé

L’accord tripartite valide aussi la prolongation du régime d’aides aux entreprises particulièrement touchées par la hausse des prix de l’énergie. Mise en place depuis l’été 2022, la mesure n’a pas encore été sollicitée de façon significative. « Encore beaucoup de sociétés payaient leur gaz, leur électricité sur la base de tarifs négociés sur des anciens contrats, explique la voix patronale. Les contrats ont changé, et c’est maintenant que la facture va devenir insupportable pour certains.»

Message reçu puisque le régime qui devait s’interrompre en juin va maintenant courir jusqu’à la fin d’année. Mieux même, si le cadrer européen le permet, le soutien sera prolongé au-delà, sur 2024. « C’est une mesure additionnelle qui fera du bien », affirme Jean-Paul Olinger.

Révision des barèmes fiscaux

Même si le mécanisme d’augmentation des seuils d’imposition trouvé vise en priorité à offrir une respiration supplémentaire aux ménages, l’UEL y voit du positif pour les entreprises. « Déjà parce que les salariés qui vont gagner du pouvoir d’achat en net, sans avoir vu leur paie changer, ne se retourneront pas vers l’employeur pour réclamer l’augmentation que leur offre ce geste de l’Etat. Mais ensuite, parce qu’une imposition qui s’allège quelques part, cela permettra d’attirer plus de nouveaux profils au Luxembourg. »

A l’heure où plusieurs branches peinent à trouver les bons profils, l’intérêt de l’UEL pour cette mesure est donc vif.

D’ailleurs, au final, le patronat n’hésite pas à saluer l’accord signé. « Il n’y a pas de perdants. Le phasing-out répond aux attentes de chacun. Il va contribuer à faire baisser l’inflation au pays et cela est bon pour tout le monde. Les employeurs ont maintenant une feuille de route tracée jusqu’à 2024, à eux de faire en sorte que leur activité tourne. Cela sera bon pour les emplois (maintenus ou créés), bon pour les impôts reversés à l’Etat, bon pour notre économie en général. »

 

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