10,7 millions d’articles consultés en 2023: jamais le Lëtzebuerger Online Dictionnaire (LOD) n’avait connu pareille fréquentation. Signe que ce dico’ en ligne développé par le Zenter fir d’lëtzebuerger Sprooch a visé juste en modernisant son offre en ligne. Et pour se tenir à la page, le LOD ne cesse d’intégrer de nouveaux mots (684 l’an passé). Du vieux “Bannpréiter” (garde-champêtre) à la toute moderne “Kënschtlech Intelligenz” (intelligence artificielle), le luxembourgeois reste toujours une langue active.

Entretien avec un de ceux qui veillent à fournir et actualiser le LOD, Alexandre Ecker (lexicographe de son état).

Pourquoi la langue luxembourgeoise ne disposait-elle déjà pas de son dictionnaire depuis des siècles ?

Alexandre ECKER : « Le luxembourgeois est née d’une tradition orale, avec bien des variantes selon les lieux où il était parlé. Cela rendait la tâche difficile par le passé. Mais dès 1874, une première tentative de rédiger un dictionnaire a été lancée. Second essai en 1906 de façon plus officielle cette fois. Et encore à nouveau dans les années 1950-70. Mais rien qui au final ne fixe définitivement notre vocabulaire, notre grammaire, notre orthographe.

En 2018, une loi a été votée pour la promotion de la langue ; c’est de là qu’est née l’idée du Lëtzebuerger Online Dictionnaire. Quelques années après son lancement, en 2022 nous avons modernisé le site puis créé son appli. Les premières semaines, nous devancions tous les géants en nombre de téléchargement, signe qu’il y a avait bien une attente, un public. »

Justement, que traduit selon vous le succès du LOD ?

« Il y a un double intérêt. D’un côté certains viennent nous vois pour confirmer l’orthographe d’un mot. Car même si depuis 1975 environ les choses ont été fixées, c’est un peu comme si chaque Luxembourgeois faisait un peu ce qu’il veut. Là, il y une base commune. Et aussi, pour ceux qui n’ont pas le luxembourgeois comme langue natale c’est un outil de décodage.

Surtout que nos ajouts constants font du Lëtzebuerger Online Dictionnaire un témoin parfaitement actuel du langage utilisé en familles, entre collègues et avec tout l’ensemble de la population qu’elle soit native du Grand-Duché, frontalière ou plus lointaine encore. C’est un socle commun ! »

Que faut-il attendre pour 2024 ?

« Des mots, toujours de mots ! Du vocabulaire moderne, plus ancien, technique, familier, emprunté à nos voisins ou à l’actualité. L’an passé, Ukraine a été le 2e nom de pays le plus recherché sur le LOD, signe qu’il faut s’adapter à l’air du temps ! 

Et puis, nous allons réfléchir à une version papier après avoir développé le 2.0 (on marche à l’envers !). Cela fait beaucoup de pages a priori… Il faudra voir sous quelle forme cela pourrait se faire et si les locuteurs seraient intéressés. »

Le luxembourgeois reste, globalement, la langue majoritaire dans les échanges du quotidien (55% des contact à la maison ou au travail/école selon le Statec). La langue n’est donc pas en danger ?

« Non, il n’y a même jamais eu autant de personnes à parler et comprendre le luxembourgeois. La population grandit, le nombre de frontaliers qui entrent et sortent du pays aussi, les expatriés souhaitant s’intégrer se multiplient donc le luxembourgeois a bien un avenir.

Et je dirais que c’est même tout sauf une langue morte ! Elle est de plus en plus adoptée et adaptée, ce qui va lui garantir un avenir. Aux cours de l’Institut national des langues, cela reste la langue la plus choisie pour des formations. Et puis, nous Zenter fir d’Lëtzebuerger Sprooch (ZLS) inventons de nouveaux outils pour en faciliter l’approche. Comme ce site de reconnaissance vocale (schreifmaschinn.lu). D’autres compagnies comme G-Core ont mis en place un traducteur Lux-Anglais automatique. Si nous avions une langue morte, il n’y aurait pas autant de développements autour, non ? »

 

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