La donne a changé. C’est en tout cas la conclusion que l’on peut tirer à en croire les résultats de l’enquête Le monde d’après aura bien lieu, réalisée par The Boson Project, spécialisé dans les services et conseils aux entreprises.

Recherche de flexibilité, d’horaires aménagés, d’un salaire gonflé… les candidats à l’embauche se montreraient de plus en plus gourmands, tant au cours du processus de recrutement qu’une fois en poste, n’hésitant pas à claquer la porte s’ils estiment que le “compte n’y est pas”. Une situation qui pourrait paraître insignifiante pour les patrons s’ils ne peinaient pas autant en parallèle pour pourvoir leurs postes disponibles.

Entre compromis et concessions

Dans son enquête, The Boson Project met en évidence une évolution bien réelle : pour recruter plus facilement, 66,1 % des chefs d’entreprise se sont mis à développer des conditions de travail plus flexibles, et 50,6 % ont fini par accepter de sortir des grilles de salaire habituelles.

Accepter d’accorder une rémunération plus importante, voire des primes (et ce, malgré le contexte inflationnel actuel), offrir des options de télétravail lorsque le poste s’y prête et même, dans certaines entreprises, en venir à envisager la semaine de quatre jours sont autant d’options et de pratiques nouvelles que doivent parfois déployer les dirigeants afin de convaincre les candidats de s’engager avec eux.

« Convaincre » les candidats, oui, car, sans finalement crier gare, le rapport de force a commencé à changer entre patrons et employés. « La flexibilité devient l’étendard des recruteurs pour attirer des candidats et remplacer ceux qui sont partis », note en ce sens dans le quotidien économique Les Échos Emmanuelle Duez, la fondatrice de The Boson Project.

Aucune garantie sur la durée

Pour autant, une fois recruté, rien ne garantit au chef d’entreprise que son nouveau salarié s’engagera dans la durée au sein de la société. L’étude met ainsi en lumière une réalité implacable : aujourd’hui, la fidélité à l’entreprise n’existe plus, ou du moins devient une denrée rare.

Visiblement très conscients du phénomène, près de 60 % des dirigeants (59,6 %) considèrent que la relation au travail est devenue « individualiste ». En outre, ils sont même 78 % à considérer que le rapport de force patrons/employés tourne désormais en faveur de ces derniers.

Une tendance qui se confirme au Luxembourg ?

Si une enquête de l’ampleur de celle produite par The Boson Project n’a pas encore été réalisée au Grand-Duché, certains indices tendraient toutefois à penser que la situation pourrait être analogue dans le pays.

En témoignent les derniers chiffres de l’emploi du Luxembourg, publiés fin octobre par le Statec. Ceux-ci mettent notamment en avant une tendance qui n’a eu de cesse de se confirmer depuis un an : de plus en plus d’emplois n’arrivent pas à être pourvus au Luxembourg.

 

 

Si 10 708 postes étaient en effet disponibles en septembre 2021, l’institut de statistiques luxembourgeois en dénombrait 13 332 douze mois plus tard, soit une augmentation de 24,5 % (2 624 postes supplémentaires non pourvus). Et avec une semaine de travail pour le moment toujours fixée à 40 h (malgré des pétitions demandant sa réduction), la marge de manœuvre des entreprises en termes de flexibilité risque d’être toute relative.

 

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