Daniel X, 52 ans, frontalier français, fait partie des 900 agents de sécurité embauchés par une entreprise au Luxembourg pour sécuriser de nombreux sites au Grand-Duché. Depuis le mois de mars, ce représentant du personnel, comme l’ensemble de ses collègues, a été mobilisé sur la crise de Covid-19.

Environ 80% des agents de sécurité sont des frontaliers belges, allemands ou français travaillant pour des sociétés privées.

Sécurité dans les magasins, dans des lieux stratégiques ou encore convoyeurs de fonds, ils ont été en première ligne dans la gestion de l’épidémie de coronavirus. « Alors que beaucoup de salariés frontaliers ont pu rester chez eux, nous, nous n’étions absolument pas en télétravail. Nous avons dû assurer, tous les jours, la sécurité des personnes. Je suis profondément déçu de constater que notre profession n’a pas été reconnue durant cette période difficile. Je me rends compte que nous souffrons aussi d’une mauvaise image auprès du public » explique, Daniel X.

Deux pétitions en manque de signatures

Deux mois plus tard, il est à l’initiative, avec le syndicat NGL-SNEP, de deux pétitions déposées, le 8 mai, à la chambre des députés. La N°1589  concerne une prime de reconnaissance de 300 euros nets par mois à accorder aux salariés des sociétés de service de sécurité et de gardiennage. La N°1590 propose la création du métier d’agent de sécurité car selon lui : « Il n’existe pas de formation diplômante au Luxembourg avec une valorisation des acquis d’expérience » confirme-t-il.

Mais voilà, avec seulement 1 768 signatures pour l’une et 335 pour l’autre, l’agent de sécurité expérimenté est en colère. Sur les 4 000 agents travaillant au Luxembourg, seulement un tiers semble se mobiliser : « Si les pétitions n’aboutissent pas sur le bureau du ministre du Travail luxembourgeois. Il n’y aura jamais de débat sur le sujet. Notre cause est perdue d’avance ».  

Un salaire de 2 438 euros bruts par mois

Et pourtant, Daniel X sait de quoi il parle puisque cela fait près de 19 ans qu’il est agent de sécurité : horaires et semaines exponentiels parfois non payés, des salaires faibles allant de 2 438 euros bruts en début de carrière à 2 728 euros bruts après 30 ans d’activité : « Sans compter qu’un agent sur 3 est divorcé parce que la vie privée en prend un coup » souligne-t-il. 

Par conséquent, si les agents de sécurité ne se bougent pas pour signer la pétition, « Rien ne changera » assène Daniel X.

300 euros bruts de prime durant la crise

Paul Glouchitski est secrétaire syndical LCGB en charge de cette activité. Au moment du confinement, il avait déjà émis deux revendications. D’une part, la mise en place de règles de sécurité pour les agents qui n’étaient pas équipés de masques et de gel hydroalcoolique pour se protéger du public. Et d’autre part, le syndicat s’était déjà engagé auprès des entreprises luxembourgeoises pour que celles-ci fassent : « un geste financier face à l’engagement de ces salariés durant la crise sanitaire ».

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Bilan des courses, une seule société au Luxembourg sur l’ensemble des contacts a débloqué 300 euros bruts de prime, pour les mois concernés par l’épidémie, à chacun de ses agents de sécurité.  Une goutte d’eau pour Paul Glouchitski qui y voit tout de même une petite avancée positive s’appuyant sur le fait que : « Les négociations sont toujours en cours ».

Un premier centre de formation

En septembre, un centre de formation sectoriel dédié uniquement au métier du gardiennage proposera des formations qualifiées.

Un premier pas pour le Luxembourg qui jusqu’à présent comptait sur les pays voisins pour la professionnalisation des salariés. Mais le combat n’est pas fini : « Autant dire que le compte n’y est pas. Nous sommes encore loin de nos objectifs. Chacun doit être conscient que nous serons plus forts ensemble » conclut Paul Glouchitski de LCGB.

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