L’inflation au Grand-Duché est traditionnellement supérieure à la moyenne européenne : le Statec rapporte une inflation de 2,1% en avril 2021 – un niveau qui excède légèrement l’objectif d’une inflation « inférieure à, mais proche de 2% » de la Banque centrale européenne.

Un regard sur nos pays voisins montre que l’inflation y est également en hausse. En Allemagne, les prix à la consommation ont augmenté de 2% sur un an en avril. En Belgique, tout comme en France, l’inflation a été plus modérée, à un taux de 1,2% sur la même période.

Une particularité luxembourgeoise qui coûte cher

Carlo Thelen, directeur de la Chambre de commerce du Luxembourg ne voit pas ces données économiques d’un bon œil :  « En période de forte inflation, les entreprises en sont doublement pénalisées : par le renchérissement des matières premières et par l’augmentation du coût salarial via l’indexation » explique-t-il.

« Les entreprises viennent de passer une crise sanitaire. Pour certaines, les trésoreries ne sont pas au beau fixe. L’augmentation des salaires n’est donc pas une bonne idée ». Dans ce contexte, le plan de relance économique au Luxemboug, tant attendu, va être plus compliqué.

Il est vrai qu’en 2020, le coût salarial moyen a baissé de 0.7% au Luxembourg.  Cette diminution  provient d’un recours massif au chômage partiel comme principal outil de maintien des travailleurs en emploi lors de cette crise sanitaire. Le chômage partiel et d’autres mesures ont allégé le coût du travail pour les entreprises, tout en maintenant les revenus pour les salariés. Les entreprises n’ont donc pas économisé mais bien tenté de sauver leur activité et l’emploi.

Selon les dernières prévisions du Statec, le prochain index pourrait déjà tomber vers la fin de l’année 2021, « à un moment où la reprise devrait battre son plein ». Une hausse du coût salarial engendrait « des surcoûts pour les entreprises qui pèsent spécifiquement sur les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre » note le directeur

L’effet boomerang à la crise sanitaire

A court terme, un certain nombre de « manques » pourraient contraindre à ralentir la production : « manque de matières premières bien sûr, mais également de main-d’œuvre qualifiée, un des défis considéré comme le plus important par les entreprises selon les enquêtes de la Chambre de Commerce » observe Carlo Thelen précisant que la crise sanitaire a eu un effet boomerang « De nombreux salariés en ont profité pour faire une reconversion professionnelle et changer de métier. C’est un fait qu’il ne faut pas négliger. C’est même une tendance».

De son côté, le ministre de l’Économie, Franz Fayot rappelle « La solidité des fondamentaux de l’économie luxembourgeoise » dans un communiqué de presse commentant le rapport du Statec sur les prévisions économiques à venir :  « une panoplie d’ instruments de soutien a été mise en œuvre pour soutenir les entreprises et leurs salariés pendant la pandémie, en particulier grâce au chômage partiel. L’ensemble de ces mesures nous a permis d’un côté de préserver et stabiliser le tissu économique pendant la crise, ce qui était notre priorité absolue ».

Tirer le meilleur de cette crise sanitaire pour améliorer le système luxembourgeois, tel est le cap à maintenir pour le gouvernement en tenant compte d’une donnée importante : « Malgré tout, les entreprises ne sont pas encore sorties de la crise » confirme le directeur de la Chambre de commerce.

Prévisions macroéconomiques 

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