La mobilisation contre la réforme des retraites a fait descendre un nombre considérable de Français dans les rues, jeudi 19 janvier. Un mouvenment reconduit ce 31 janvier. Des grèves en France ? Si les railleries ont la vie dure sur la fréquence de mécontentement des “Gaulois”, force est de constater que certaines idées reçues sont malgré tout fondées…

Comment comparer les pays ?

Rattaché à la Confédération européenne des syndicats, l’ETUI (l’Institut syndical européen) a justement réalisé 2021 un classement des pays connaissant le plus de grèves à l’année. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats divergent grandement entre le Luxembourg, la France, la Belgique et l’Allemagne.

Afin de réaliser cette étude, les spécialistes de l’ETUI ont pris comme base de travail le nombre de jours non travaillés pour cause de grève, pour 1 000 salariés. « Pour permettre une comparaison entre les pays européens, qui ont des populations actives de tailles très variables (sept fois plus importante en France qu’en Suisse par exemple) le nombre a été rapporté à 1 000 salariés », explique l’institut.

La France, plus gréviste que ses voisins

Sans surprise, c’est effectivement en France que le grand nombre de jours de grève à l’année est le plus important, loin devant ses voisins de la Grande Région.

Les dernières études de l’ETUI s’arrêtant en 2021, l’institut nous apprend que sur la période 2020-2021, on a compté pas moins de 79 jours de grève pour 1 000 salariés. Un chiffre cependant en baisse par rapport à la moyenne habituelle, Covid-19 oblige.

Dans ses archives, l’institut note pour la France un pic au cours de l’année 2010, avec 364 jours de grève enregistrés pour 1 000 salariés. En cause cette année-là… une précédente réforme des retraites, déjà, qui visait à repousser l’âge légal de départ de 60 à 62 ans.

Et dans les autres pays ?

À titre de comparaison, et sur la même saison de référence 2020-2021, l’ETUI a comptabilisé 57 jours de grève pour 1 000 salariés en Belgique, 13 jours en Allemagne et… aucun jour au Luxembourg.

Le Grand-Duché fait ainsi partie des pays européens comptabilisant le moins de jours de grève. Les derniers mouvements sociaux « d’ampleur » ayant été la grève de l’Automobile Club du Luxembourg (ACL) en 2014 et les onze jours de grève à la maison de soins de Bettembourg en 2018.

Pour expliquer ces différences, on peut mettre en avant l’importance que donne le Luxembourg au dialogue social, certes, ou avancer l’hypothèse de l’incidence du taux de syndicalisation, qui varie largement d’un pays à l’autre de la Grande Région.

Dans sa dernière enquête sur le sujet, datant de 2018, Statista avait relevé un taux de syndicalisation de 8,8 % en France et 31,8 % au Luxembourg. Il y aurait donc moins de grève dans les pays les plus syndiqués ? Une éventualité relativisée par la Belgique, quatrième pays européens à afficher le plus grand nombre de jours de grève pour 1 000 habitants en 2020-2021 (57 jours, voir plus haut) mais qui comptait pourtant 50,3 % de syndiqués en 2018.

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