Jusqu’alors timidement développé au sein des entreprises en Europe, le télétravail a connu un véritable boom avec l’arrivée du coronavirus et avec lui, les confinements et nombreuses restrictions sanitaires limitant le présentiel et favorisant le travail à domicile. Aujourd’hui cependant, une étude d’Allianz Trade (une filiale de l’assureur Allianz) affirme que de moins en moins de salariés seraient attirés par le télétravail.

Un intérêt moindre

Menée sur près de 3 200 personnes en Allemagne, en France et en Italie, entre le 20 mai et le 10 juin dernier, l’étude d’Allianz Trade rappelle déjà que pour pouvoir télétravailler, faut-il encore avoir un emploi qui le permette.

Et sur ce point les disparités sont importantes entre les pays : 41 % des Allemands déclarent occuper un poste incompatible avec le travail à domicile, contre plus de la moitié (54 %) chez les salariés Français.

Quant à celles et ceux ayant un job dont les missions sont parfaitement réalisables depuis la maison, c’est là où le bas commence à blesser. En Allemagne, seul un cinquième des travailleurs (20 %) confie souhaiter télétravailler alors qu’ils étaient près d’un quart en 2021. La statistique est encore plus faible en France avec un peu moins de 12 % simplement de personnes se déclarant intéressées par ce mode de travail.

Des inconvénients qui dépassent les avantages ?

Lors de sa mise en place dans les entreprises, le télétravail avait pourtant ravi des milliers de salariés, enthousiastes à l’idée de pouvoir supprimer certains trajets domicile-travail chaque semaine, réduire de facto le coût de leur facture mensuelle de transport ou encore disposer d’une meilleure flexibilité horaire.

Néanmoins, « deux ans d’expérience de télétravail ont fait prendre conscience aux gens des inconvénients », indique Patricia Pelayo Romero, économiste chez Allianz Trade et à l’origine de l’étude, qui poursuit : « Par exemple, si la fin des trajets quotidiens soulage les travailleurs d’un fardeau, la réduction des contacts sociaux au bureau peut entraîner de moindres promotions et une perte d’apprentissage, créant des inégalités ».

Parmi les principaux inconvénients cités par les salariés interrogés dans le cadre de l’étude, cette absence de contacts directs avec ses collègues et sa hiérarchie est un problème pour 28 % des répondants. Un taux qui a doublé depuis l’an passé.

En outre, « le flou de la frontière entre vie privée et vie professionnelle est également mal ressenti par 18 % des personnes interrogées », précise l’étude. Là encore, le taux a doublé en une seulement une année.

Enfin, le fait de devoir jongler en permanence entre ses missions professionnelles et ses activités domestiques est vécu comme une contrainte pour 19 % des sondés, alors qu’ils n’étaient que 9 % il y a un an.

Une étude à contre-courant ?

À l’heure où la pétition réclamant deux jours de télétravail pour tous les salariés, y compris les frontaliers, a cartonné sur le site petitions.lu, et tandis qu’une démarche similaire vient d’être lancée en France auprès de l’Assemblée nationale, cette étude d’Allianz Trade pourrait surprendre, semblant s’inscrire à contre-courant de la tendance actuelle.

Elle pourrait ; à ceci près qu’elle se veut le reflet du ressenti non pas de personnes souhaitant télétravailler, mais de salariés ayant déjà la possibilité de le faire depuis au moins une année. Une subtilité peut-être pas si anodine que cela.

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