Pour certains frontaliers, travailler au Luxembourg ne se fait pas par hasard mais représente la concrétisation d’un objectif construit de longue date. Que ce soit le fruit d’un fantasme ou non, l’attrait pour le Luxembourg reste certain pour beaucoup, notamment chez les jeunes.

C’est le cas de Marie, Française de 20 ans, vendeuse en prêt-à-porter au Grand-Duché depuis quelques mois maintenant. “Le Luxembourg, ça a toujours été un but à atteindre pour moi, confirme-t-elle. Déjà parce qu’au niveau de la paye, faut bien le dire, ça n’a rien à voir avec la France, même si c’est plus ce que c’était. Et puis… la mentalité des gens y est différente. Ici, ils sont plus aimables et plus ouverts, je trouve. En France, ils sont plus froids. Les problèmes du pays, notamment au niveau de l’emploi, doivent y être pour beaucoup…“.

Quant aux clichés, Marie les balaye d’un revers de main : “Depuis que je travaille ici, j’ai beaucoup ouvert les yeux. J’ai vu que les Luxembourgeois ne correspondent pas à l’image qui est trop souvent la leur de par chez moi“.

Un bac, un stage, un job

La tête sur les épaules, Marie sait ce qu’elle veut. Issue de cette fameuse génération Y à qui l’on a toujours promis des lendemains qui pleurent, la jeune femme veut faire mentir les pronostics. C’est à l’issue d’un stage qu’elle a pu signer son premier contrat de l’autre côté de la frontière, grâce à un bac professionnel section commerce dans ses bagages. Un CDD, “pour le moment“, auquel elle consacre 25 heures par semaine pour une paye qui oscille entre “1000 et 1500 euros par mois“. Pour l’Eldorado, on repassera, mais c’est déjà ça.

Marie se sent-elle pour autant concernée par la vie politique et culturelle du pays au sein duquel elle passe une bonne partie de son temps ? “Pas particulièrement, confie-t-elle, un peu gênée. J’ai besoin d’être déconnectée du Luxembourg quand je le peux, car dans mon esprit le pays est automatiquement en parallèle avec mon travail car j’ai l’habitude de m’y rendre uniquement pour lui“.

Le train-train quotidien

Thionvilloise, le train s’est imposé naturellement à elle comme moyen de transport. “C’est plus simple pour moi. La voiture ou le bus, avec les embouteillages, c’est pas évident à gérer. Le train, c’est plus flexible quoi qu’on en dise, surtout que je suis souvent contrainte de faire les ouvertures et les fermetures du magasin“. Comprenez par là une arrivée à Luxembourg-Ville vers 9 heures pour un retour en terres lorraines aux alentours de 20 h. “Du coup, c’est parfois difficile de conjuguer travail et vie sociale, à cause des horaires. Mais au niveau familial, il n’y a pas tant de soucis que ça“.

La jeunesse croit beaucoup de choses qui sont fausses, la vieillesse doute de beaucoup de choses qui sont vraies, énonce un célèbre proverbe allemand. Marie, elle, semble croire en elle : et elle a sans doute raison.