Le sourire aux lèvres, Thomas nous explique comment il est arrivé au Luxembourg : “Je suis ici depuis un an et demiMon conjoint travaille au Luxembourg depuis 15 ans dans le secteur bancaire, et ça fait au moins 5 ans qu’il me pousse à venir travailler ici, surtout pour le salaire“.

A ce niveau là, ce thionvillois affirme gagner 3000 euros nets par mois pour 60 à 70 heures passées au travail.

Mais les revenus plus attractifs offert par le Luxembourg n’ont pas été l’unique moteur de sa décision :”J’avais ma boite à l’époque. J’y tenais beaucoup et je ne voulais pas la quitter. Mais quand, dans le gros de la crise, je me suis rendu compte que je me levais le matin pour payer mes charges, j’ai pris ma décision. Le fruit d’un gros ras-le-bol, en somme“.

C’est comme si la ville ne s’arrêtait jamais de vivre

Thomas porte un regard clair sur son lieu de travail, où la vie n’est pas tous les jours facile : “Le quartier où je travaille ne me dérange pas dans l’ensemble. Bon c’est vrai qu’il est réputé chaud, mais moi personnellement les prostituées ne me dérangent pas, leurs clients non plus. Le seul point négatif, c’est les camés qui nous volent quasiment tous les jours“.

Une situation face à laquelle rien ne semble efficace : “On a installé une caméra devant pour les étalages, explique-t-il dans un souffle, mais ça suffit pas. C’est toujours les mêmes en plus, on a beau s’en remettre à la police, ils sont relâchés cinq minutes plus tard ! Quand on les prend sur le fait, ils ont une technique : ils hurlent. Du coup, tout le monde vous regarde comme si vous étiez en faute d’une manière ou d’une autre. C’est le gros point noir, je me suis encore fait insulter samedi dernier… mais j’ai l’habitude, c’est comme ça presque tous les jours“.

Un quartier pas comme les autres, certes, mais que Thomas apprécie pourtant : “L’ambiance du quartier peut quand même être sympa, nuance-t-il. Ici tout le monde se connaît, même entre commerçants, ça fait petit village. Nous on ouvre à 4 heures, le samedi matin on voit souvent des jeunes qui sortent de boite venir nous acheter un ou deux trucs, ça met de l’ambiance, c’est comme si la ville ne s’arrêtait jamais de vivre“.

“Si tu travailles c’est bien, si tu ne travailles pas tant pis pour toi”

Malgré ce cadre pour le moins atypique, Thomas s’est très tôt acclimaté à son nouvel environnement. “J’ai une mentalité un peu à l’allemande, comme on dit, plaisante-t-il. J’aime que les choses soient carrées, directes. En France, il faut trop être dans le consensus, arranger toujours un peu tout le monde… Ici, beaucoup moins : si tu travailles c’est bien, si tu ne travailles pas tant pis pour toi. Et être avec des gens qui aiment le travail, il faut dire que c’est assez plaisant“.

Et quand Thomas aime, il ne compte pas. “Je commence à 4h30 donc en général je ne suis pas embêté par les bouchons le matin. Par contre le soir, bien évidemment, c’est autre chose. Déjà vers 16 heures ça commence à coincer sur la route. Je rentre chez moi, il peut aussi bien être 16h30 que 18 heures“. Pour régler les bouchons, notre manager est partisan de “la 2×3 voies qu’ils projettent de faire et du covoiturage, mais avec des parkings gratuits !“.

“Si je voulais toutes mes soirées, je resterais en France à gagner le SMIC !”

Un tel rythme de travail a forcément des effets collatéraux, notamment sur la vie privée. Mais Thomas ne s’en plaint pas :

Comme je me lève très tôt dans mon métier, le soir, pour 20h, 20h30, je suis au lit. De ce point de vue là, mon travail impacte forcément ma vie privée. Mais c’est un travail que j’aime et j’ai toujours le week-end pour le reste. Je pars du principe qu’on a rien sans rien, si je voulais toutes mes soirées je resterais en France à gagner le SMIC“.

Et quelle est la différence principale entre un Français et un Luxembourgeois, selon lui ? “Le Français est plus faux-cul que le Luxembourgeois. Je pense que c’est pour ça qu’il n’y a pas de Luxembourgeois dans le commerce, ça ne passerait pas ! (rire)”.

* Le prénom a été modifié

J.M