Yann, 35 ans, est opticien de profession et Belge de naissance. “J’ai d’abord travaillé pendant six ans en Belgique, chez des indépendants, du côté d’Arlon. Puis comme les salaires sont évidemment plus attractifs au Luxembourg, j’ai passé la frontière“.

Pour lui, une certitude : il n’y a pas un mais plusieurs Luxembourg. “J’ai senti des différences de mentalité. Ici, sur Kirchberg, on a une clientèle très business, beaucoup d’anglais, des gens très pointus, très pressés. Il n’y a pas une mentalité Luxembourgeoise, mais plusieurs. D’ici au centre, c’est déjà différent“.

Il hésite, puis ajoute : “Disons que le Luxembourgeois, comparé à un Belge… Enfin, vous voyez, le bon Belge, souriant, pas compliqué… La clientèle Luxembourgeoise peut-être plus froide à la base, faut savoir briser la glace. Mais ils font des clients fidèles, à contrario des Français, plus difficiles et absolument pas fidèles. Eux ne cherchent pas forcément la qualité mais le prix“.

“Après un quart d’heure de trajet, je suis déjà à l’arrêt”

Question transports, Yann a choisi de se déplacer en voiture. “Je suis du matin deux jours par semaine, j’arrive sur Kirchberg entre 8h et 8h30, explique-t-il. Et c’est assez compliqué, faut compter 1h30 de trajet, c’est fou…“.

Heureusement, tout n’est pas noir : “Il y a aussi deux matinées par semaine où j’arrive à 11 heures, du coup le trafic est beaucoup plus fluide et je passe de 1h30 à 45 minutes de trajet“. Bien conscient de son statut de privilégié de la route, Yann précise : “Après, moi, j’ai la chance de ne devoir arriver aussi tôt que deux matinées par semaine. Il y a des gens qui font ça tous les jours“.

Toujours est-il que, tous les jours ou pas, venir au Luxembourg au volant de son automobile a un coût : “Mon budget essence avoisine les 300 euros par mois. Pour vous donner une idée, quand je travaillais à Pétange, j’étais à 150 euros grand maximum. Et puis, avant j’étais tous les jours à la maison vers 18h30, alors qu’aujourd’hui c’est 19h30 quand tout va bien“.

50 % de salaire supplémentaire : à vue de nez, pas de regrets

Mais Yann ne regrette pas son choix d’être passé de l’autre côté de la frontière. “Même si j’avais une offre en Belgique, je ne changerais pas, affirme-t-il, catégorique. La différence de salaire reste quand même importante. Du jour au lendemain pour ainsi dire, j’ai quand même gagné 50 % en plus“.

Après une minute de réflexion, il précise : “Mais c’est clairement plus les salaires qu’il y avait en 2008, c’est plus compliqué, surtout au niveau de l’optique qui est un marché hyper concurrentiel. Ça reste confortable, mais on est loin des salaires qu’on peut trouver dans le milieu bancaire, même en étant un opticien diplômé“.

J.M

* le prénom a été modifié