S’il y a bien un travailleur qui côtoie de très nombreuses personnes par jour au Luxembourg, c’est bien l’employé de station-service. Cédric, 27 ans, est l’un d’entre eux. Chaque jour, Luxembourgeois, Belges, Français et Allemands viennent faire « le plein » d’essence, de cigarettes et autres.

Le Mosellan occupe ce poste depuis bientôt deux ans. Aujourd’hui en CDD, Cédric était déjà connu de la société de station-service avant d’occuper son poste actuel, car il y avait travaillé en tant qu’intérimaire ; il en a profité pour déposer une candidature spontanée ce qui lui a permis d’obtenir sa place.

Des anecdotes parfois hilarantes

Pour lui, chaque journée est unique : « en fonction des plannings, les journées peuvent être très différentes d’un jour à l’autre ». Son emploi consiste à « mettre en rayon la marchandise, encaisser les clients, préparer les viennoiseries, entretenir la station ». Et chaque jour comporte son lot de surprises !

Il partage avec nous quelques anecdotes, comme la fois où une « cliente m’a informé qu’elle avait renversé ” un peu d’essence sur la piste ” parce qu’elle voulait avoir une somme ronde à régler et pas de centimes. Son réservoir étant plein, elle avait alors versé 4,99€ d’essence par terre ». Cédric, pensif, déclare alors ne pas toujours comprendre « ce qui se passe dans la tête des gens quand ils font ce genre de choses ».

Il se souvient aussi de sa rencontre avec des touristes asiatiques qui ont envahi la station pour acheter une grande quantité de cigarettes. « Ils avaient vu le prix des tubes (pour les cigarettes à rouler) et pensaient que c’étaient des cigarettes normales, à ce prix-là, ils ont sauté sur l’occasion ! Ça a été difficile de leur faire comprendre qu’il n’y avait pas de tabac ». Depuis ce jour, tous les employés sortent directement les tubes pour montrer aux touristes la marchandise et s’assurer qu’ils ne font pas erreur dans leurs achats.

« Par respect pour mes clients je connais les formules de politesse et m’efforce de les employer »

Pas besoin de connaître le luxembourgeois pour son travail ; la plupart des clients utilisent le français. Il comprend parfaitement que les résidents préfèrent parler leur langue quand ils en ont la possibilité. Et s’ils font l’effort d’employer le français, Cédric s’applique aussi « par respect pour [ses] clients, d’employer au minimum les formules de politesse » dans leur langue.

En tant que frontalier, Cédric n’a pas l’impression de changer de pays. Au diable les clichés: « ils sont pareils que nous ! ». Ce qui le désole, ce sont surtout les réactions de ses compatriotes. Il trouve « dommage [qu’ils] aient tant de préjugés, n’oublions pas que nous sommes chez eux quand même ! ». Comme partout, il rencontre « des gens sympathiques et d’autres moins, des racistes et d’autres non… ».

Entre 1.600 à 1.800 € nets par mois

Résidant à Mondelange, il est assez proche de son lieu de travail. Pour franchir la frontière entre la France et le Luxembourg, il prend la voiture pour à peine 30 voire 40 minutes : « mes horaires décalés me permettent de ne pas être sur la route aux heures de pointe. » Il affirme qu’en « France, certains emplois qui lui étaient proposés n’étaient pas plus proches ».

Cédric aime travailler au Luxembourg pour le salaire qu’il reçoit ; 1.600 à 1.800 € nets par mois. Il estime gagner 300 à 400 € de plus qu’en France.

Il nous confie vouloir laisser son emploi quelques temps pour voyager, il espère par la suite retrouver un poste au Luxembourg : « je m’assure de pouvoir être repris à mon retour. À long terme, j’aimerais continuer de travailler au Luxembourg : mais dans une autre branche ». A savoir laquelle ?

A.G.