La nouvelle avait été communiquée au mois de mai dernier. A compter du 1er janvier 2020, le Luxembourg n’acceptera plus de rames non équipées du système ETCS sur son réseau ferroviaire.

Une décision qui a fait grand bruit alors que près de 12.000 voyageurs circulent quotidiennement sur la ligne Nancy-Luxembourg.

Car la SNCF justement est loin d’être dans les clous. A la date butoir, seules 12 des 25 trains qui composent la ligne seront aux normes.

Concrètement, cela signifie que les passagers devront faire une halte à Thionville pour monter à bord d’un train régularisé.

Compte tenu du désagrément que cette mesure risque d’entraîner pour les usagers, le député luxembourgeois Yves Cruchten a tenu à s’enquérir de l’évolution de la problématique, à savoir si le verdict serait éventuellement revu côté luxembourgeois.

Le ministre de la Mobilité, François Bausch, lui a ainsi bien confirmé dans une réponse parlementaire que l’autorité nationale de sécurité (ACF) maintiendrait sa décision.

Qu’est-ce qui coince ?

L’European Train Control System (ETCS) est un système européen de contrôle des trains visant à harmoniser les normes de signalisation. Un moyen de fluidifier et de sécuriser les traversées de frontières.

L’ensemble du matériel roulant luxembourgeois en sera outillé à la fin de l’année. Côté français, notamment sur la ligne 90, c’est le système MEMOR II+ qui est encore opérationnel.

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Censé être un dispositif transitoire, comme indiqué dès son introduction par la Commission européenne, il apparaît aujourd’hui obsolète compte tenu de la fréquence du trafic transfrontalier entre les deux pays.

« C’est un sujet et une question de sécurité ferroviaire dont la décision est à prendre par l’autorité nationale de sécurité en matière de sécurité ferroviaire », abonde M. Bausch.

Pour appuyer son propos, il rappelle que les grèves orchestrées par les employés de la SNCF l’an dernier avaient notamment pour revendication un « surplus de sécurité ».

Accident de 2017 : le déclic

De quoi faire référence à l’accident mortel survenu entre Bettembourg et Zoufftgen le 14 février 2017 lorsqu’un train de voyageurs était entré en collision avec un train de FRET.

L’enquête post-accidentelle a attribué cette catastrophe à la fois à une erreur humaine et au système MEMOR II+.

C’est cet épisode qui a servi de catalyseur au Grand-Duché. Avant cela, le moratoire accordé à la France pour la mise en conformité de son matériel roulant était fixée au 30 juin 2021 grâce à des dérogations.

A noter que le délai initial, accordé à l’époque en 2005, prévoyait une échéance au 1er février 2017.

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Suites aux nombreuses réactions des compagnies étrangères empruntant le réseau luxembourgeois, une analyse a été commandée par l’ACF à un cabinet suisse.

Celle-ci a notamment conclu « qu’une dégradation à un niveau de danger inacceptable a été mise en évidence aux nœuds ferroviaires de Luxembourg et de Bettembourg en cas de maintien du MEMOR II+. »

Seul un tronçon passant par les gares de Pétange, Esch-sur-Alzette et Bettembourg-marchandises sera épargnée par la décision jusqu’au 31 décembre 2020. Il fera néanmoins l’objet « d’une surveillance accrue du système MEMOR II+ côté sol (monitoring et entretien) », a précisé le ministre.

Les trains venant de Belgique passeront la frontière

La SNCB (société nationale des chemins de fer belges) confirme que ses trains vers le Luxembourg seront aux normes exigées. Les trains venant de Belgique pourront donc circuler normalement.