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Cela fait 20 ans que j'alterne une vie de frontalier, d'abord comme étudiant puis comme salarié. J'ai pris une pause pour revenir travailler en France pendant quelques années et je suis retourné à Luxembourg. C'est vrai que le salaire et les avantages divers sont une motivation pour venir dans ce pays (pas très accueillant), mais je suis venu y chercher autre chose, j'ai vu des entreprises qui promettaient un plan de carrière (qui se réalise... ou pas ), des petites boîtes ou l'on en apprenaient beaucoup et ou on étaient récompenser pour ses efforts. Mais aujourd'hui j'ai dit stop. Le pays connaît une croissance entre 1.5 et 4.5 % par an depuis 20 ans. Les frontaliers sont pris pour des exilés fiscaux par leur pays de résidence et comme une main d'oeuvre dont on a aucune considération au Luxembourg. Il ne faut pas faire croire à nos braves frontaliers que la situation actuelle n'était pas prévisible. Une génération entière de travailleur a été sacrifié par la non reconnaissance de leur pays et la condescendance du Luxembourg. Dites, franchement vous en avez connu combien dans vos boîtes qui ont craqué et sont tombés malades à cause de ces rythmes infernaux (transport, pression de la direction ...) ? Je ne crache pas dans la soupe, parce que j'y ai trouvé mon compte. Mais sincèrement la politique, d'un côté ou de l'autre de la frontière est déplorable pour des gens qui veulent simplement voir un peu de ciel bleu (et de billets verts) dans leur quotidien. Les conditions de travail s'améliorent car le pays en a marre de payer des maladies et des pensions toujours plus nombreuses à des étrangers. La situation des transports quant à elle se dégrade lentement ... Et c'est pas près de s'arranger...
Tant que des hordes de juniors bac+5 accepteront de bosser pour un salaire à peine supérieur à celui d'une femme de ménage, les choses ne changeront pas. Le luxo préfère être fonctionnaire ou patron, les frontaliers créent de la richesse pour ce pays tout en se soignant et envoyant leurs enfants aux écoles de l autre côté de la frontière, la belle affaire! Les belges ont au moins négociés une compensation financière du luxembourg, pas les français! Chez nous tout se décide dans la capitale et ces derniers ne comprennent rien des enjeux locaux. C'est bien pour ça que les infrastructures routières et ferroviaires sont saturées, les pouvoirs publics n'ont rien.vu venir.
Le Luxembourg est d'accord pour nous payer directement des P+R, mais n'a aucune envie d'envoyer l'argent à Paris (ils ont raison).
Les luxos financent des P+R en Belgique alors qu'en France ça n'avance pas, pas d'argent, les dossiers se perdent dans des commissions XYZ, les demandes de subventions prennent des années..
Les villages autour de la frontière sont remplis de bagnoles aux heures de pointe.
Certains.rêvaient d'une vie peinarde à la campagne, maintenant ils doivent attendre 20min pour pouvoir sortir de leur garage chaque matin et reussir à s'insérer dans la circulation. Les maires posent des ralentisseurs, mettent en.place des zones 30, les frontaliers passent alors dans le bled d'à côté, ainsi.de suite, bis repetita. Les trajets avec Waze deviennent de plus en plus folklos, de vrais rallyes!
La vie des frontaliers mosellans risque vraiment de devenir insupportable car le temps de trajet maison/boulot va inexorablement continuer à s'accroître un peu plus chaque année.
Beaucoup de collègues font déjà des burn-outs ou des malaises cardiaques à cause du stress des transports.
Ninclud : Tu décris très bien certains aspects "techniques" de la vie quotidienne des frontaliers. Je me base plus sur une vision globale sur le long terme qui évolue peu ou mal. Maintenant mon recul est sur une longue période, le nivellement par le bas qui a débuté en France dans les années 2000, touche peu à peu le Luxembourg. La main d'œuvre low cost et hyper qualifié fait partie de cette problématique et malheureusement cela ne va pas s'arranger et cela va même se dégrader dans les années à venir selon moi. Mais ces problèmes ne me concernent plus dorénavant, je retourne à un rythme qui me correspond mieux.
Tout est question d'appréciation...personne n'oblige les gens à venir travailler au Lux...chacun voit midi à sa porte selon ses capacités,sa formation ses envies et son plan de carrière...
Il est vrai que le transport est un gros point noir...l'infrastructure routière est difficilement modifiable...les trains..ben parlons en..SNCF fait tout pour nous faire détester le train...
A croire que certains on les pousse à aller bosser au Lux.........
Sinon, faut accepter les contraintes, déménager là bas ou revenir bosser en France.
Car c'est un peu facile de se plaindre mais là c'est plutot réclamer le beurre, l'argent du beurre et la crémière qui va avec ! 180000 frontaliers, 90000 français, un chiffre en évolution constante depuis des années. Et vous voudriez en un claquement de doigt que toutes les infrastructures suivent d'un coup d'un seul ? Vous avez beau rajouté des trains ( leur nombre a grandement évolué, oui, oui...), il n'y a toujours que 2 voies de circulation entre Thionville et le Luxembourg. Et je doute que le contribuable accepte qu'on dépense une fortune ( si techniquement c'est réalisable, pas sur) pour doubler les voies, tout çà pour les beaux yeux des frontaliers.
Sans compter l'A31 bis, une belle fumisterie aussi. Si, ça servirait à se rendre plus vite aux portes du Luxembourg mais ensuite ? Et ben il y aurait un formidable goulot d'étranglement qui s'y formerait à l'arrivée de 2 autoroutes.....
Qu'on trouve des solutions crédibles, oui, comme par exemple la mise en service de es fameux portiques qui feraient hésiter des milliers de transporteurs routiers à venir polluer notre quotidien. Ca c'est une solution peu chère et efficace mais bon, quelques bonnets rouges ont fait plier tout un pays.....
En Lorraine c'est pas évident pour faire carrière, l'immobilier à Metz n'est pas bon marché et les salaires très bas.
Les locaux n'aiment pas trop bouger non plus.
Il faudra bientôt compter 3h par jour a/r pour faire thionville/luxembourg en.voiture, beaucoup de gens vont regretter d'avoir acheté au prix fort des maisons dans le coin.
Ils investissent dans un bien immobilier X pour un temps de trajet à un instant T mais oublient de considérer l'évolution croissante du trafic sur 30 ans (durée d'une carrière).
Il se retrouvent à faire de plus en plus de route et s'épuisent physiquement et mentalement.
Pour un junior/trentenaire, s'installer sur l'axe Metz-Thionville-Luxembourg et s'imaginer pouvoir tenir jusqu'à la retraite dans ces conditions relève de la bêtise ou de la naïveté.
Beaucoup de collègues investissent au sud du Luxembourg et s'endettent au delà du raisonnable, certains empruntent 500000 ou 600000 euros sur 30 ans, en cas de crise financière, de perte d'emploi ou de retournement du marché de l'immobilier, ils seront carbonisés ( encore des gens qui vont se jeter sur les trains!) .
La zone autour d'Arlon/Aubange/Messancy/Longwy va devenir le seul coin offrant des temps de trajet raisonnables à moyen terme pour les frontaliers, ou alors il faudra s'installer dans le Nord du Luxembourg.
Je suis venu il y a 20 ans de mon plein gré et l'esprit libre et je repars de la même manière. Ma clairvoyance m'a empêché d'acheter un bien immobilier à la frontière ou au lux et d'être prisonnier d'un lieu ou d'un travail ennuyeux et sans aucune âme. Donc comme le dit loupblanc : chacun voit midi à sa porte ; ma porte reste ouverte et le soleil à midi est toujours au zénith (putain on dirait le LOKZ !)
Le truc qu''il faut comprendre c'est que pour l'immense majorité des jeunes qui démarrent au Luxembourg ce n'est pas un ''choix'' . La France ou la Belgique n'offrent pas d'emplois décents c'est un fait avéré depuis des années. Situation précaire, recours à outrance au CDD, salaire de 1200 à 1500 EUR pour démarrer avec perspectives d'évolution quasi nulles. Le Luxembourg c'est souvent la seule porte ouverte. Il y a des tas de solutions au transport : centres de télétravail, compagnies privées pour assurer les trains, réseau de tram étendu etc.... mais il n'y aucune réelle volonté politique, en gros chaque pays se gave à sa manière en laissant les gens dans la galère , ces vils frontaliers boucheurs de route et voleurs de travail pour les uns et exilés fiscaux pour les autres. La solution serait aussi de réduire les écarts de salaire. 1200 EUR pour un bac +5 c'est une honte absolue pour des pays aussi riches.
Quel beau pays la France !
On m'aurait menti ?
Faire des études c'était autrefois l'exception, la plupart des gens allaient bosser vers 15/16ans.
De nos jours, tout le monde peut faire un Master ou une L3 pro à la fac,et c'est une chance, on est plus ouverts, plus flexibles, et plus méthodiques que nos parents.
Sans diplome il est de toute façon devenu impossible de faire carrière.
Ce qui me désole c'est que pouvoir vivre de son travail est hélas devenu un privilège, nous sommes dans l'ère du salarié Low -Cost et de l'actionnaire roi, ces rentiers s'engraissent sur notre dos et l'employé est totalement dévalorisé, c'est à mon avis non seulement injuste mais carrément dangereux pour la société.
On en voit bien les conséquences, les richesses se concentrent dans les mains de quelques % de la population ( actionnaires, cadres dirigeants..), alors que la classe moyenne est en voie de disparition.
C'est trés bien expliqué par l'économiste Piketty:
On nous demande de produire toujours plus sans contrepartie financière,la pression est telle qu'on arrive aux limites biologiques de l'individu, d'ou la multiplication des burn-outs et maladies professionnelles, ce n'est pas une utilisation rationelle de la force de travail.
