Le ton monte chez les salariés de Guardian, le producteur américain de verre flotté.

Après l’annonce de l’arrêt du four de Dudelange. Les employés ont découvert que ce site allait fusionner avec Bascharage.

Le personnel et les syndicats craignent la fermeture des deux usines. Cela concernerait 450 salariés dont 80% sont des frontaliers belges et français.

« Nous avons demandé des explications à la direction concernant le refroidissement et l’arrêt définitif du four de verre de Dudelange qui aura lieu dans quelques jours. Nous aimerions aussi des compléments d’information sur la fusion des usines de Bascharage et Dudelange prévue le 6 août » souligne Alain Rolling, en charge du dossier au sein de l’OGBL. Mais les cadres dirigeants de la société Guardian restent muets.

Cette situation de “non” communication entre les salariés, les responsables et les syndicats laisse présager un avenir sombre pour le personnel.

Un four en Pologne qui démarre mi-septembre

Dans les couloirs de l’entreprise, on se dit que le nouveau four installé en Pologne et qui sera mis en fonction à partir de la mi-septembre, annonce, sûrement, la fermeture des deux unités du Grand-Duché. La capacité de production du site polonais est deux fois plus importante que celle de Bascharage.

Vincent Collin, 52 ans, travaille à Guardian depuis 1994. Il a commencé sa carrière aux expéditions. Ce frontalier belge est délégué dans l’entreprise. C’est lui qui a très vite alerté sur la construction d’un nouveau site en Pologne : « Le four de Bascharage sera arrêté en 2022. Celui de Dudelange en 2020, on peut clairement penser que l’entreprise prépare un transfert de la production ».

Mais comment savoir quelle est la stratégie mise en place par Guardian puisque celle-ci met systématiquement ses salariés devant le fait accompli ? « On mène des actions symboliques avec l’OGBL pour rappeler à la direction que nous sommes déterminés à ne pas nous laisser faire » assène Vincent Collin.

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Des opérateurs venus de France et de Belgique

Le site de Bascharage compte 268 salariés dont près de 80% sont des frontaliers français. Pour Dudelange, l’usine emploie 210 personnes dont 90% sont des frontaliers français et belges. Une grande majorité travaille comme opérateurs, des métiers ciblés dans un secteur industriel où la multinationale règne en maître.

Dans ce dossier complexe, l’OGBL déplore le manque d’informations concrètes et pose des revendications : « Nous souhaitons une garantie d’emploi pour les 450 salariés que comptent les deux sites, une garantie aussi au niveau des investissements envisagés pour les entités du groupe. Nous souhaitons voir un projet industriel concret et détaillé avec un échéancier complet des mesures et des chantiers. Pour le moment, nous n’avons rien sur la table. C’est dramatique » observe Alain Rolling, en charge du dossier au sein de l’OGBL.

Des actions fortes qui vont s’enchaîner

Dans ce contexte d’incertitudes, le syndicat prévoit d’organiser des actions syndicales fortes pour faire plier la direction.

Dès mercredi 8 juillet, un piquet de protestation a été programmé devant l’usine Luxguard II à Dudelange pour le refroidissement du four de 600 tonnes. Près de 200 personnes ont répondu à l’appel de l’OGBL. Gabriel Bettembourg, 45 ans travaille depuis 21 ans comme opérateur aux expéditions. Il est le porte-parole de ses collègues de Dudelange :  « On vient de nous enlever notre outil de travail. De plus, la fusion nous fait craindre des pertes d’emploi. En effet, nous allons nous retrouver avec des doublons de postes » s’attriste-t-il.

Manifestation de mercredi 8 juillet. Une prochaine action est prévue le 6 août pour la fusion.

 

Ce frontalier français trouve cette décision particulièrement difficile : « En 2012/2013, l’entreprise avait déjà passé une crise importante et nous avions baissé nos salaires pour que nous puissions passer tous ensemble ce cap ». 7 ans plus tard, Gabriel Bettembourg regrette ce manque de reconnaissance : « C’est dommage mais nous n’avons pas dit notre dernier mot ».

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