Ça gratte, ça gratte… Tellement que ça en devient douloureux. D’autant que ça n’en finit pas, même après plusieurs jours, à l’inverse d’une piqûre classique de moustique ou d’araignée.

C’est parce que l’éruption cutanée ne résulte pas d’une « attaque » de l’un ou l’autre mais de chenilles processionnaires du chêne.

Celles-ci prolifèrent en lisière de forêt, en l’occurrence celle de 156 hectares qui jouxte Bousse, Bertrange et Guénange, à quelques kilomètres de Thionville, elle-aussi en proie à ces gênes selon les dires de certains frontaliers. « Je réside dans un petit village à côté de Thionville et j’ai l’impression de passer ma journée à me gratter. J’ai d’abord cru que c’était un moustique ou même quelque chose dans mes draps…», relate ainsi Benoît.

Le tronc d’un arbre recouvert de chenilles pris par un habitant de Bertrange.

Ces Thaumetopoea processionea éclosent courant avril. Leurs corps sont recouverts de poils microscopiques dès la mi-mai qui, lorsqu’ils entrent en contact avec la peau ou les muqueuses, provoquent d’intenses démangeaisons, des conjonctivites, des maux de gorge… Tous les symptômes qui touchent actuellement les riverains des villages concernés et aux alentours.

Les animaux aussi sont vulnérables et peuvent rencontrer des complications au contact des chenilles.

Le temps chaud et humide n’arrange rien : il favorise la prolifération des nuisibles tandis qu’il encourage les habitants à sortir de chez eux. Par ailleurs, le vent véhicule ces poils qui se collent facilement sur la peau, ce qui explique que le phénomène se répande.

Une pétition lancée

Résultat, les habitants n’en peuvent déjà plus. Le groupe Facebook, « T’es de Bertrange si… », recèle de témoignages et de photos de bambins recouverts de boutons voire de plaques rouges. Une pétition intitulée, « Guénange et alentours : stops aux chenilles processionnaires », a également été lancée mardi. Elle recueille déjà près de 500 signatures.

Une réunion de Guénangeois devrait vraisemblablement se tenir en mairie jeudi soir pour y évoquer le sujet.

« Je prends des douches froides »

Le standard de la ville de Bertrange ne cesse de sonner. La mairie assure “tout mettre en œuvre pour soulager la population.”

Elle est notamment en contact avec l’Agence Régionale de Santé, qui a publié les recommandations sur son site, et une entreprise spécialisée dont elle attend une proposition. « Je suis couvert de la tête au pied, je suis sous antihistaminique, je prends des douches froides pour enlever les poils… », relate un employé communal, tout autant affecté que ses concitoyens.

Le phénomène semble traverser les frontières puisque des photographies de « nid de chenilles » sur le chemin des Espagnols, à Arlon, ont été postées sur le groupe Facebook « T’es vrai arlonais si tu as connu… »

Contactée par lesfrontaliers.lu, la mairie de Guénange, par la voix son directeur général des services, rappelle qu’elle s’attèle à régler ce souci depuis trois ans. Toute la ville se gratte… que l’on soit directement voisin ou pas des forêts. Elle est structurée toute en longueur et longe la forêt sur 2 km. La taille des arbres atteint 20 à 25 mètres, donc ceux-ci surplombent les habitations. De plus, nous avons 95 % de chênes…

Les services municipaux sont à l’oeuvre puisqu’ils ont abattu “100 chênes en lisière de forêt ainsi que des chênes isolés en ville à contre coeur. Nous pulvérisons manuellement chaque arbre infecté.” 170 nichoirs à mésanges numérotés et occupés à 75 % font également l’objet d’un suivi depuis un an. “C’est très difficile. Nous échangeons avec les villes voisines touchées“, précise la commune qui attend l’intervention prochaine d’une société externe.

Pour voir les recommandations de l’ARS.

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