Des coups qui blessent, des mots qui heurtent, des comportements inappropriés : non, la violence n’est pas un phénomène mineur dans la société. Au Luxembourg, elle concernerait même près de 20% des 16-74 ansUn adulte sur 5 !

L’Institut statistique luxembourgeois vient ainsi de dévoiler le résultat d’une étude menée, en 2019-20, portant sur 5 695 résidents. Et le phénomène qui a immédiatement sauté aux yeux des analystes est l’énorme part des victimes n’allant pas rechercher d’assistance. 78% des concerné(e)s resteraient ainsi muets face à ces attaques.

Ainsi, même au cœur d’un pays aussi développé que le Grand-Duché, la violence resterait-elle « invisible » pour reprendre le terme du Statec. Si hommes et femmes subiraient a priori dans des proportions similaires des agressions (verbales, physiques, sexuelles, psychologiques), ils et elles adopteraient aussi cette même attitude : le silence.

Et à interroger des victimes, il est intéressant de noter qu’effectivement rares sont les victimes à se rapprocher de la police après avoir subi un acte de violence. A peine 9% en moyenne, avec cette fois plus de messieurs (12%) que de femmes (6%) n’hésitant pas à pousser la porte d’un commissariat.

A cela, le Statec donne une explication : dames ou demoiselles sont plus souvent agressées dans leur entourage personnel. De fait, leur "seuil d’inhibition" serait plus élevé, hésitants qu’elles seraient à pointer du doigt le comportement déplacé d’un parent, d’un ami, d’un collègue.

Des faits pas si graves, vraiment?

Par ailleurs, infligées dans un contexte domestique les violences ne peuvent guère être observées par des témoins. Aussi, en l’absence de "caution", dénoncer ou porter plainte devient un exercice apparaissant comme plus difficile. Alors qu’il n’en est rien : les policiers devant prendre en compte toute parole de victime.

Alors qu’autour d’elles les victimes pourraient trouver de l’aide auprès de professionnels, elles n’y ont donc que rarement recours. Médecins, psychologues, assistants sociaux ou, éventuellement, prêtres ayant pourtant cette mission d’assistance.

Cette fois, l’étude du Statec met en lumière un a priori fortement ancré dans les esprits. Pour un tiers d’entre elles, les personnes agressées estiment que les faits subis ne sont pas assez graves pour être signalés. Une auto-censure qui peut conduire à bien des dérapages, hélas.

Les témoignages collectées montrent aussi le doute sur l’efficacité même de ces « professionnels » dans l’aide, la protection, l’accompagnement qu’ils pourraient apporter. La victime se sentirait ainsi abandonnée face à la violence qu’elle a subie, à défaut de trouver ailleurs de véritables boucliers.

Début décembre, à l’occasion de l’Orange Week, le Conseil national des femmes avait rappelé qu’en 2020, « Une femme sur trois au Luxembourg avait été victime de violence. Que ce soit dans la sphère privée, au travail ou dans la rue ». Une proportion en augmentation.

Rappelons que le service violence.lu est ouvert à toute victime pour s’ouvrir des actes subis. Une helpline téléphonique fonctionne 7j/7, de 12h à 20h (tél. 2060 2060). La Police restant, elle, joignable à tout moment au 113.

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