Voici quelques chiffres tirés de ce rapport : les avoirs détournés par ces dictateurs se chiffrent entre 100 et 180 milliards de dollars mais selon Michel Camdessus, ancien directeur du FMI (Fonds monétaire international) les détournements d’argent seraient plus de l’ordre de 1000 milliards de dollars si l’on rajoute à ces avoirs détournés, les fortunes amassées par les proches de ces dictateurs. Outre ces sommes colossales pillées par certains gouvernements alors en place, ces détournements financent les pouvoirs autoritaires et de ce fait ruinent tout espoir de démocratisation. Le pire dans tout cela est que cette corruption ce fait avec la complicité voire à l’initiative des pays occidentaux dont en premier chef le Royaume-Uni, la France mais aussi tous les « paradis fiscaux » comme la Suisse et le Luxembourg entre autres.

Ainsi comme l’explique le CCFD : « Soucieux de leurs intérêts géopolitiques et économiques, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France ont soutenu l’arrivée ou le maintien des régimes les plus despotiques et corrompus, que ce soit en Asie (Suharto, Marcos), en Amérique latine (Duvalier, Pinochet) ou en Afrique (Abacha, Houphouët-Boigny). Alors que Blumenthal, le représentant local du FMI, les avait alertés par un rapport, en 1982, que le régime Mobutu était un puit sans fond, les pays occidentaux ont délibérément poursuivi leur soutien financier. En 1997-98, la France et la compagnie Elf ont financé la reprise du pouvoir au Congo-Brazzaville par Denis Sassou Nguesso, moins regardant sur les conditions d’exploitation du pétrole de son pays.

Dès lors, on comprend le peu d’empressement des gouvernements du Nord à saisir et restituer les avoirs et biens mal acquis des dictateurs en question. Au-delà même de l’activité économique générée par ces apports de liquidités, sanctionner leurs alliés d’hier ou d’aujourd’hui les exposeraient à des révélations dont ils préfèrent se passer ». Ainsi rares sont les fonds restitués (4 milliards de dollars) ou gelés (2,7 milliards de dollars) et ce n’est pas la mauvaise volonté dont font preuves nos gouvernements quel qu’ils soient qui vont influer cette tendance.

Bien sûr, une partie des 5,5 milliards de dollars détournés par Sani Abacha (président du Nigéria de 1993-1998) ont été placé au Luxembourg mais force est de constater que le Grand-duché est loin d’être le seul pays à « fermer les yeux » face à ces détournements. Il est toujours de « bon ton » de critiquer (peut-être un peu par jalousie) ce petit pays mais force est de constater que certains « grands » Etats sont loin d’être touts blancs dans ce domaine. Ainsi, la France hébergerait selon Le Monde 90 millions de dollars de fonds détournés par le clan Abacha…sans compter les biens immobiliers que ce dernier posséderait en France.

Il est possible de consulter et télécharger le rapport complet (126 pages) sur le site du CCFD : www.ccfd.asso.fr