Ne jamais dire… jamais. Ainsi, en juin 2023, SES annonçait la rupture des négociations pour le rachat de son concurrent historique Intelsat. Moins d’un an plus tard, l’opération est finalement actée, le contrat signé ! Il aura fallu débourser 2,8 milliards d’euros pour cette fusion. Un montant digne de la Guerre des étoiles (ou plutôt des satellites) en train de se jouer.

Car si l’opérateur luxembourgeois, basé à Betzdorf, a accepté de signer un si gros chèque, c’est que son avenir est en jeu. Sa survie même dans un secteur où il forgé une place majeure dans le lancement et le suivi de satellites de télécommunication et notamment de diffusion télé. Sauf que l’heure n’est plus tant à la diffusion des signaux vidéo depuis l’espace. La distribution de l’internet haut débit partout autour du globe étant devenu l’enjeu majeur.

Nommé voilà deux mois, le nouveau directeur de SES Adel Al-Saleh tente donc un “gros coup”. Fusionner avec Intelsat (notamment 1er fournisseur de services spatiaux du gouvernement US) et ses déjà 58 satellites en orbite pour montrer les muscles à la concurrence.

Une menace bien réelle

Une concurrence portée par des “nouveaux” aux dents longues. On parle là des groupes Starlink d’Elon Musk (Tesla) et Kuiper de Jeff  Bezos (Amazon). Des sociétés portées par des milliardaires qui ont choisi de faire du lancement et de la veille de “constellations” de satellites leur marque de fabrique. SES et Intelsat étant restées plutôt sur un mode de décollage unité par unité de modèles à très haute technologie spécifique.

Et alors que les deux géants commencent à positionner leur train de satellites, en orbite basse, le milieu des opérateurs tente de faire face. Viasat a fusionné avec Immarsat, Eutelsat avec Oneweb et maintenant l’union officielle de SES à Intelsat… « La fusion créera un opérateur multi-orbite plus fort avec une plus grande couverture, une meilleure résilience, des solutions améliorées et des ressources accrues », assure le communiqué officiel ayant annoncé ce mariage.

Reste que la nouvelle a surpris. Au point que Luc Frieden vient d’organiser un point-presse “en urgence”. Le Premier ministre rappelant que l’État luxembourgeois (actionnaire à 37% de SES) avait « soutenu activement » ce rapprochement.

Pas question en effet de voir ce fleuron technologique national (fondé en 1985) se faire avaler par d’autres. Une menace bien réelle rappelée par le chef du gouvernement qui maintenant se félicite de voir que la nouvelle entité mondiale conservera son siège au Grand-Duché et toujours à Betzdorf.

Inquiétudes terre à terre

Mais à la satisfaction affichée par Luc Frieden n’a pas tardé à succéder les premiers échos moins positifs. À commencer par les préoccupations de l’OGBL sur le sort réservé aux salariés. En effet, ces 3 dernières années, SES a déjà fait l’objet de trois plans de maintien dans l’emploi.

Le syndicat s’inquiète donc pour les conséquences sur les 2.000 personnels chez SES (dont 650 environ au Luxembourg) et la soixantaine d’employés Intelsat déjà établis au pays. Et de réclamer au Premier ministre « que les intérêts des salariés soient préservés lors de la mise en œuvre de cette acquisition et que le maintien des emplois soit sa priorité ».

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