Appelez-les comme vous le souhaitez : megatrucks, Écocombis, mastodontes de la route… Toujours est-il que début mars le Parlement européen a donné son feu vert à la circulation entre États-membres de ces ensembles routiers pouvant dépasser les 18 mètres de longueur et pesant jusqu’à 60 tonnes. Pas de quoi ravir Luxembourg ou Paris qui, jusqu’alors, ne toléraient pas la circulation de ces “géants” sur leur réseau routier.

Il est vrai que la “libre-circulation” des gigaliners a de quoi causer des problèmes. L’usure des chaussées serait bien plus rapide du fait du passage de ces poids-lourds XXL. Tous les ponts, sur les “petites routes” notamment) n’auraient pas forcément la capacité de supporter pareille charge. Quid de la sécurité routière en injectant au milieu du trafic ces convois parfois longs comme 6 voitures alignées ? Et puis où stationner pareils colosses ?

Jusqu’à présent, la position du Grand-Duché s’opposaient donc à ce type de transport. Mais le nouveau gouvernement va-t-il opter pour une nouvelle voie ? La question peut se poser car, interrogée sur le sujet, la ministre de la Mobilité n’a guère fait montre d’une opposition ferme

D’écolo à libérale

Ainsi, dans une réponse parlementaire, Yuriko Backes insiste essentiellement sur un point : dans les négociations qui vont s’engager sur les gigaliners en Europe, le Luxembourg « vise principalement à garantir que l’adoption de règles communes n’avantagera pas le transport routier au détriment du fret ferroviaire ».

Certes le pays dispose d’infrastructures multimodales en plein développement (avec le hub CFL de Bettembourg), mais est-ce là le seul intérêt à défendre dans cette affaire ? La question est balayée en quelques mots au final. Affirmant que le pays continuera toutefois « d’examiner attentivement les aspects de ce dossier relatifs à la sécurité routière et l’infrastructure routière ».

Certes, contrairement à son prédécesseur François Bausch, la nouvelle ministre n’est pas écologiste (mais libérale). Toutefois, elle pourrait aussi appuyer les réflexions du pays sur le caractère possiblement bénéfique pour l’environnement de ces méga-trucks. Les constructeurs affirment ainsi que ces PL consomment 20% de carburant en moins de carburants que les deux camions qu’ils remplacent, et émettent aussi moins de CO2. Cela pourrait donc être un atout pour la décarbonation des transports. Mais, non, pas un mot.

Les ronds-points du pays sont-ils adaptés à ces convois ? Là encore pas un mot sur la capacité d’absorber ou non des engins dont la dimension pourrait monter jusqu’à 60 mètres de long…  Faudrait-il limiter leur passage aux grands axes et en-dehors des villes et villages ? Là aussi, la position luxembourgeoise aurait pu être détaillée.

Après Suède et Finlande qui avaient été les premiers pays du continent à accepter ce type de convoi, les Pays-Bas mais aussi l’Espagne, le Portugal, la Belgique et l’Allemagne ont admis la circulation de ces engins immatriculés dans leur pays ou en provenance d’un état voisin. Le Luxembourg pourrait bien ajouter son nom à la liste. En tous cas, les freins semblent s’être desserrés quelque peu…

 

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