La situation est connue de tous : le Grand-Duché connait quotidiennement d’importants embouteillages sur ses routes, en particulier ses autoroutes, notamment aux heures de pointe sur les axes empruntés par les frontaliers.

Aussi, permettre aux motos et scooters à deux ou trois roues (ces derniers étant parfois appelés « trikes ») de pouvoir remonter les files de voitures afin de contribuer à fluidifier la circulation pourrait apparaître comme pertinent. L’idée est en tout cas déjà appliquée, ou en expérimentation, dans beaucoup de pays, y compris des Etats frontaliers. Sauf qu’au Luxembourg, la pratique est toujours interdite à l’heure actuelle. Mais une pétition publique va peut-être faire évoluer les choses.

Légaliser pour mieux circuler

Dans ses arguments en faveur de l’interfile, la pétitionnaire, Joana Mouriz, met principalement en avant « la réduction des embouteillages […] et l’amélioration de la sécurité routière. » Permettre aux deux-roues de remonter les files de circulation ferait gagner un temps précieux aux motards, qui ne seraient plus contraints, comme c’est le cas actuellement, de rester derrière le véhicule qui les précède sans pouvoir le dépasser.

Mécaniquement, si les motos peuvent remonter les files, elles pourront s’extirper plus rapidement des embouteillages, ce qui aidera à décongestionner le trafic. La mesure, si elle venait un jour à être appliquée, pourrait même encourager certains automobilistes disposant d’un deux-roues à préférer leur moto ou leur scooter pour venir travailler, ce qui réduirait encore davantage le nombre de voitures sur les routes.

Privilégier la sécurité du motard

Pour justifier la pertinence et l’utilité de sa pétition, Joana Mouriz rappelle en outre les conditions de conduite pas toujours optimales des motocyclistes, « complètement exposés au gaz des voitures […] L’interfile leur permettrait d’éviter de respirer du pétrole ».

De même, un motard bloqué dans un bouchon en plein été souffre doublement de la chaleur, ne pouvant évidemment pas profiter d’air conditionné comme un automobiliste et devant supporter le poids de son équipement (casque, pantalon, veste, gants, bottes…).

Enfin, la pétitionnaire précise que la légalisation de l’interfile au Luxembourg « réduirait les risques d’accident en éliminant le risque d’impact arrière », surtout lors des embouteillages lorsque les véhicules ne cessent de s’arrêter et de redémarrer.

La France et la Belgique sont en avance

Devant l’opposition du gouvernement luxembourgeois à évoluer sur le sujet, la pétition, si elle venait à réunir les.4 500 signatures obligatoires pour espérer être débattue au sein de la Chambre des députés, pourrait peut-être permettre au pays de “rattraper son retard” sur la question par rapport à ses voisins belge et français.

La France 🇫🇷 expérimente en effet la circulation interfile depuis le mois d’août 2021. Cette expérimentation, prévue pour durer trois ans, est autorisée « uniquement sur les autoroutes et les voies rapides pour les deux-roues et trois-roues motorisés », précise le site français de la Sécurité routière. Elle concerne uniquement 21 départements (mais aucun frontalier du Luxembourg). Dans les faits, les motards en interfile doivent rouler à 50 km/h maximum « avec un différentiel de 30 km/h maximum par rapport aux autres véhicules ».

De son côté, la Belgique 🇧🇪 a légalisé la pratique de l’interfile pour les motos et les cyclistes depuis plus de dix ans, par un arrêté royal publié le 1er septembre 2011. Celui-ci précise que les motards en interfile ne peuvent rouler à plus de 50 km/h et ne doivent pas rouler 20 km/h plus vite que le trafic.

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