Mieux vaut prévenir que guérir. Après « l’affaire » de l’an dernier, les municipalités ont bien imprimé l’adage.

A Guénange et Bertrange, deux communes fortement touchées par l’abondance de chenilles processionnaires, les habitants n’ont pas oublié l’épisode « épineux » du printemps 2018.

Celui où ils craignaient de sortir le barbecue, de faire pendre le linge au soleil ou de promener le chien, par peur des douloureuses démangeaisons engendrées par les poils urticants de ces lépidoptères.

Lire : Les chenilles processionnaires démangent les frontaliers

Et pour se prémunir, c’est maintenant que ça se passe. A cette période, la chenille processionnaire se trouve à l’état de larve, voire proche de l’éclosion. Ce qui laisse aux autorités une fenêtre de quinze jours à trois semaines pour agir.

A Bertrange, « le problème a été éliminé, confirme les services de la Ville. Nous avons abattu les sept ou huit chênes que nous avions après la frénésie de l’an passé. A la place, nous avons planté d’autres arbres. »

Une première sur des chênes

C’est surtout du côté de Guénange qu’on est passé à l’étape des grandes manœuvres. Bordée par une forêt de 159 hectares, composée à 95 % de chênes, la commune est particulièrement exposée.

Cela fait maintenant une décennie que le problème a été constaté mais les deux dernières années ont été particulièrement marquantes.

« L’année passée a été horrible pour les résidents. Nous ne pouvions plus agir arbre par arbre. La solution de la diffusion de phéromones n’a pas fonctionné. Nous avons alors demandé un traitement par hélicoptère mais nous n’avions pas l’autorisation, faute d’un traitement homologué, rappelle la Ville qui a déjà installé quelque 150 perchoirs à mésanges, le prédateur naturel de la chenille. Problème, les mésanges sont utiles, certes, mais elles n’éradiquent que 5 %, tout au plus, de toute la colonie de chenilles. »

C’est pourquoi, Guénange a cette fois fait appel à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Une solution expérimentale, menée par la société Agrobiotech, va ainsi faire l’objet d’une première en France : la pulvérisation d’un biocide par drone.

« Le produit résulte d’une opération chimique mais n’utilise que des substances naturelles, précise les services techniques de Guénange. Le procédé a fait ses preuves pour traiter les chenilles sur les pins dans le Sud. Sur le chêne, ce sera inédit. »

Le vent, facteur non maîtrisable

L’opération sera conduite le 6 mai. Les pulvérisations concerneront une parcelle de 25 mètres en lisière de forêt. « L’idée est de créer un bouclier naturel. Les poils des chenilles plus éloignées dans la forêt seront bloqués par les arbres en lisière où il n’y aura plus de chenilles. »

Un premier bilan de cette expérience à 70.000 euros devrait être tiré à compter de fin juin. « En cas d’efficacité, la méthode pourra être exportée à d’autres communes », poursuit la Ville qui compte également sur la clémence de la nature, facteur qui n’est pas maîtrisable. « Nous avons des arbres de 16 à 20 mètres de haut. On espère que les vents ne seront pas trop forts au moment où les poils se détacheront des chenilles. »

Les arbres isolés dans la ville seront, en outre, traités par brûlage.

Même si le biocide n’est nocif ni pour l’Homme ni pour l’animal, un arrêté devrait interdire l’accès à la forêt le temps du traitement.

Lire : Comment agir sur la prolifération des chenilles processionnaires ?