Baisse du solde naturel, hausse du solde migratoire. Voilà les deux hypothèses de projections démographiques retenues par le Statec concernant l’évolution des populations dans la Grande Région et plus largement des zones frontalières incluant donc la Suisse.

Luxembourg et Suisse verraient ainsi leurs croissances démographiques s’accélérer tandis que la Belgique et la France maintiendrait plus ou moins leur cap actuel et que l’Allemagne supporterait un déclin démographique significatif.

L’étude soulève que les mouvements migratoires issus du sud de l’Europe devraient se tarir compte tenu de l’amélioration de la situation économique et du vieillissement de la population dans les pays concernés (les personnes âgées migrent plus rarement).

 

79 % d’habitants en plus d’ici 2050

Quoi qu’il en soit, la population grand-ducale n’a pas fini de croître, loin de là. Elle pourrait augmenter de 69 à 79 % d’ici 2050, largement plus celles de ses voisins : en Belgique et en France, le nombre d’habitants progresserait, sur la même période, respectivement de 14 % et de 11%.

L’Allemagne quant à elle, et les prévisions ne sont pas nouvelles, perdrait de 7% à 12% de sa population.

Même le flot de réfugiés déjà accueilli outre-Rhin, en grande partie en âge de procréer, et qui se poursuivra certainement, ne suffira pas à endiguer le phénomène. Ces derniers devraient tout au plus retarder l’échéance.

Trois quarts des gains de populations au Luxembourg dus à l’immigration

Les scénarios explorés par le Statec confirment une chose : l’accroissement du nombre d’habitants au Luxembourg est fortement corrélé à l’immigration internationale (travailleurs et regroupement familial compris).

La tendance s’observe d’ailleurs depuis les années 1960 puisque les trois quarts des gains de population résultent à la fois de l’immigration et des perspectives économiques favorables au pays, lesquelles seraient prolongées au moins jusqu’en 2030.

A titre de comparaison, la Suisse, qui elle aussi carbure à l’essence étrangère, compte un habitant sur quatre non-natifs, contre presqu’un sur deux au Grand-Duché, un peu plus d’un sur dix en Belgique (en hausse également) et 7 % dans l’Hexagone.

Cinq millions de travailleurs en moins en Allemagne d’ici 2030

Le taux de natalité pourrait en revanche légèrement rebondir du fait du recul de l’âge de la maternité et du maintien du nombre d’enfants par femmes.  

Par ailleurs, avec le vieillissement de la population, c’est le nombre de personnes en âges de travailler qui en pâtira indéniablement.

L’Allemagne est la plus exposée puisqu’elle devrait perdre près de cinq millions de travailleurs d’ici 2030 (de 49 millions actuellement à 44-45 millions en 2030).

L’évolution sera, certes moindre, mais similaire en France et en Belgique : de 55 % en 2020, la main d’œuvre en âge de travailler passerait à 50 % en 2060 pour la première.

Stagnation de la population en Moselle et Meurthe-et-Moselle

Plus localement, la population en Moselle et Meurthe-et-Moselle stagnerait tandis qu’elle diminuerait dans la Meuse et les Vosges.

Les deux départements frontaliers allemands la Sarre et la Rhénanie-Palatinat, le moteur de la Grande Région, perdraient eux aussi en effectifs.

Somme toute, tractée par le Luxembourg, la croissance démographique de la Grande Région augmenterait trois plus que celle du Rhin supérieur (Palatinat du Sud, pays de Bade, Suisse du Nord-ouest, départements alsaciens).

Toutefois et paradoxalement, compte tenu de sa faible attractivité, la Région Grand Est devrait être la seule de la zone observée à constater une baisse de sa population entre 2040 et 2050.

Le Statec précise néanmoins que les hypothèses sont tributaires des facteurs imprévisibles que sont les crises politiques et économiques aux portes de l’Europe.

S’il fallait encore une preuve que le moteur luxembourgeois roule à l’essence étrangère, la dernière étude du Statec sur le Grand Est emporterait sûrement l’opinion des derniers sceptiques.

L’étude détaillée du Statec