Lorsqu’elle s’assoit pour la première fois sur les bancs de la faculté de droit de Nancy à la fin des années 2000, Julie n’a pas d’idée précise sur son avenir. Mais très vite, elle prend goût au droit et à ses exigences. Après un master obtenu haut la main, elle décide de passer la frontière et les certifications nécessaires à l’exercice du métier au Grand-Duché. Le diplôme qui sanctionne le cours complémentaire en droit luxembourgeois (CCDL) en poche et les tests de langues allemande et luxembourgeoise réussis, elle prête serment en 2014.

Aujourd’hui indépendante dans un cabinet de Luxembourg, sa période dite de « stage » touche à sa fin et elle sera officiellement nommée comme « avocate à la cour » dans quelques mois.

« Remporter un dossier et voir la satisfaction des clients qui vous remercient, c’est vraiment quelque chose de gratifiant. Le contact humain, c’est ce que je préfère » confie la jeune femme, qui officie dans une équipe sous l’égide d’un avocat « mandataire », propriétaire du cabinet. Le plus souvent, elle traite des affaires de l’ordre du droit civil : cela concerne des contrats, des saisies, des divorces par exemple. « C’est la proximité avec mon domicile, la diversité des affaires, et l’activité du Grand-Duché qui m’ont attirée. Le Luxembourg est un petit pays mais on fait de tout ». Mais un autre argument a penché dans la balance, c’est le système d’accès à la profession perçu comme moins effrayant. Contrairement à la France, il n’y a pas de concours pour être avocat au Luxembourg. Les places sont donc illimitées, à condition de réussir les différents examens.

Des tests de langue obligatoires

Après avoir suivi un cours complémentaire en droit luxembourgeois sanctionné par un examen en fin d’année, le candidat doit obtenir des résultats satisfaisants aux différents tests de langue (allemand et luxembourgeois). Au bout d’une période de stage judiciaire de deux ans durant laquelle il peut exercer dans un cabinet, il est nommé avocat à la cour après validation d’un dernier examen. La dernière étape d’un processus long qui lui offre ensuite la possibilité d’ouvrir son propre cabinet.

Julie est actuellement à ce stade. Dans quelques mois, elle pourra être avocate à la cour. Entretiens avec les clients, préparation des procédures écrites et orales, audiences au tribunal, plaidoiries et travail de recherche rythment un quotidien varié, mais aussi synonyme de journées parfois éprouvantes. « Je quitte mon domicile à 6h30 tous les matins et j’y rentre vers 19h30 dans le meilleur des cas ». Mais ni les horaires contraignants, ni les exigences linguistiques ne semblent l’effrayer.

« Quand on plaide face à des interlocuteurs qui ne parlent pas français, c’est plus difficile, mais on doit s’adapter. On travaille un peu plus pour préparer l’audience » explique celle qui a suivi des cours particuliers de luxembourgeois pour être à niveau. Comme elle, des centaines d’avocats français sont en poste au Luxembourg. En 2013, 42% des avocats du Barreau de Luxembourg étaient français, soit la première nationalité représentée. Pour eux, bien souvent, il ne s’agit pas d’un simple métier, mais bien d’une vocation.

*le prénom a été modifié