« Les filles ! Regardez, c’est Monsieur Fluo ! » Tout sourire, Georgio descend du train et enfourche son vélo, direction l’entreprise multimédia pour laquelle il opère.

« Je suis un vrai sapin de Noël », plaisante le vendeur. Non pas qu’à l’approche des fêtes, le petit homme se soit couvert de guirlandes mais plutôt que son attirail de sécurité le rend visible et « clignotant » pour les autres usagers de la route. Car depuis bientôt deux ans, Georgio s’est prémuni des contraintes d’acheminement, troquant successivement la voiture et le bus contre… la bicyclette ! « Le matin je monte dans le train avec mon vélo. En fin de journée, je rentre carrément en pédalant ! ».

C’est un soir où il loupe le wagon qu’il entame sa première étape. Quarante kilomètres qu’il dévale en une heure trente soit l’équivalent des automobilistes aux heures de pointe. Petite astuce : « Bon, j’avoue que c’est un vélo électrique, s’amuse l’intéressé, quand j’ai moins la pêche, je me dis que quelque chose m’aide à avancer ».

Dithyrambique sur son mode de locomotion, Georgio, qui énumère un triple avantage, espère en inspirer plus d’un. « Ecologiquement déjà c’est plus avantageux et tout bien calculé, c’est aussi un gain financier. Ce que j’ai économisé en carburant m’a permis d’investir dans ma bécane. » Enfin, le cycliste y trouve son compte physiquement et moralement. « A cinquante ans, on a des choses à se prouver ! » 

Des cours d’allemand avant son arrivée

Sa compagne et lui vivent cette situation sans aucun ressentiment, bien au contraire. « Au final, on rentre quasiment aux mêmes heures et puis c’est le prix à payer, je sais pourquoi je le fais ».

Pour 2000 euros nets d’impôt contre un SMIC quelle que soit l’expérience dans l’Hexagone, il jouit d’une reconnaissance de la part de ses clients. « Quand j’exerçais en France, les gens étaient bien moins sympas, je sentais presque de l’irrespect concernant mon activité ».

Pour ce fils d’immigré, l’expérience cosmopolite grand-ducale est en outre source d’enrichissement. Appréciant l’échange social, celui qui s’est constitué un socle dans cinq langues différentes, du luxembourgeois au portugais, s’épanouit dans son environnement. « J’ai pris des cours d’allemand avant d’arriver ici il y a dix-huit ans. Le luxembourgeois en est une dérivation. Pour moi c’est tout à fait naturel de m’adapter à mon pays d’accueil. » Alors Georgio, heureux ? « Très heureux ! ».