« J’ai eu de la chance ». Pas le temps de patauger. Tout juste diplômé, Mathias enfilait l’uniforme de conducteur de travaux au sein d’une succursale luxembourgeoise d’un colosse du BTP, empruntant ainsi l’itinéraire rêvé de tout néophyte sur l’impitoyable marché de l’emploi.

Voilà quelques mois qu’il achevait un parcours universitaire sans accroc ponctué d’un stage terminal… dans l’entreprise qui l’enrôlera quelques mois plus tard ! « Mon CV a circulé par l’intermédiaire d’une connaissance jusqu’au jour où le téléphone a sonné, raconte l’intéressé qui a, séance tenante, prospecté du côté grand-ducal. Je sais que mes camarades ont eu bien plus de mal à dégoter un stage en France ». Convention signée, le futur salarié fait ses armes six mois durant, le temps pour lui de s’imprégner de son environnement professionnel et de se fondre aisément parmi le personnel en place. « J’ai continué ici le temps de recevoir mon diplôme car la société ne pouvait pas m’embaucher sans ».

Finalement, le couperet tombe : Mathias est officiellement qualifié et parafe son CDI dans la foulée. Le pied ! « Je supervise de gros chantiers à l’évolution rapide compte tenu des moyens qui y sont alloués, se réjouit-il. D’autant que la demande dans la construction est incessante ».

« Je peux vous assurer qu’en France, la situation est différente »

Un secteur en expansion qui garantit, pour le moment, de nombreuses opportunités. Des prévisions corroborées par ses homologues lorrains et les intervenants professionnels de son ancienne faculté. « Je n’ai jamais intégré le marché français je peux vous assurer que la situation est très différente ». Sous-entendu l’offre en termes quantitatifs mais également les gains en rémunération. En bénéficiant du salaire minimum d’étudiant diplômé, le jeune homme empoche, en net, davantage que certains cadres de l’Hexagone. « Je commence à plus de 2000 euros brut, d’autant que j’occupe un poste qui nécessite en France une spécialisation que je n’ai pas suivi, commente Mathias. C’est en partie pour ça que j’ai toujours ambitionné de travailler au Luxembourg. Il n’a jamais été question du contraire ».

Et ce bien que le trafic soit exécrable, même s’il grimpe actuellement dans le bus en attendant de retrouver un véhicule. « Je suis encore jeune, en pleine possession de mes moyens physiques. Et puis j’en ai de toute façon besoin du fait de mon activité ». Quant aux « ouï-dire » qui feraient état d’une animosité à l’égard des frontaliers, ceux-ci ne le concernent en aucun cas. Mieux, ses collègues germanophones font l’effort de converser en français et sa hiérarchie est « très sympa. Mes expériences se sont toujours bien déroulées, appuie celui qui faisait la plonge durant les étés. Si je suis bien avec eux, il n’y a pas de raison qu’ils ne le soient pas avec moi ! ». Le trajet de Mathias, ou la construction d’un projet personnel au profit de la voie publique.