Il a 32 ans, il est Belge, il habite dans la région d’Arlon. Tout fraîchement arrivé au Luxembourg, il y a neuf mois environ, Damien travaille comme conseiller économique, pour le compte d’un cabinet de consultance spécialisé dans le conseil aux créateurs d’entreprises.

Concrètement, il informe et accompagne ces derniers dans le lancement de leur activité ou dans la reprise d’une structure : le cas échéant, il accomplit pour eux les formalités nécessaires et rédige leur plan d’affaires.

Auparavant, il a travaillé plusieurs années en France, dans une société similaire. Aussi, le quotidien de frontalier il connaît : les trajets longs et stressants, les longues journées passées hors de la maison, la famille qu’on croise…

Chaque jour, il passe plus de deux heures dans les transports. Malgré les prix de l’immobilier, ce père de deux enfants (3 et 5 ans) envisage de s’installer au Grand-Duché, avec toute sa famille. Aucune attache ne les retient dans la région d’Arlon : “J’aimerais que mes enfants y soient scolarisés, afin qu’ils connaissent les trois langues usuelles du pays ; c’est vraiment une chance pour eux, pour plus tard“, précise-t-il.
Pour le moment, il scrute le marché immobilier, en attendant de trouver le bien idéal, proche de la nature et de la frontière belge.

Le Luxembourg propice à  l’entrepreneuriat

Ancien entrepreneur, Damien trouve que le Luxembourg présente d’autres atouts de taille, pour ceux qui souhaitent démarrer leur activité : “Le pays fait beaucoup d’efforts pour stimuler la création d’entreprises, qu’on soit étranger ou non, d’ailleurs : avec une approche plus ouverte et moins restrictive qu’en France ou en Belgique“, estime-t-il. “Les autorités sont plus ouvertes : on essaie de trouver des solutions, et on ne noie pas les futurs entrepreneurs dans de multiples formalités et paperasserie. Sans compter la fiscalité qui y est plus avantageuse“.

Il reconnaît toutefois que les salaires et les coûts immobiliers y sont plus élevés qu’en France et en Belgique, et peuvent constituer freins pour les entrepreneurs.

Conseils aux entrepreneurs frontaliers

Selon lui, le Luxembourg bouge et se dynamise pour attirer toujours plus d’entreprises. Le gouvernement a en effet lancé une multitude de réflexions et de projets destinés aux entrepreneurs : réduction des cotisations sociales, démarches supplémentaires pour faciliter les autorisations d’établissement… Damien sait que cela prendra du temps, mais reste confiant dans la réalisation de tous ces dispositifs.

Quels conseils pourrait-il lui-même donner aux chefs d’entreprise, qui souhaitent démarrer une activité au Grand-Duché ?Les frontaliers par exemple, ne doivent pas venir avec un objectif économique et de gain financier uniquement. Ils doivent avant tout cibler leur clientèle luxembourgeoise et étrangère, échanger avec les acteurs locaux… Il ne s’agit pas d’accomplir son travail puis de retourner chez soi“, insiste le conseiller.

Une simple question de bon sens pour qui veut s’intégrer et développer son entreprise au Grand-Duché, mais que certains oublient, selon lui : “Les frontaliers ne pensent pas à ces différences culturelles“, poursuit-il. “C’est important de sociabiliser, de vouloir s’adapter à la culture du pays, et de nouer de bons contacts avec les fournisseurs et les clients. Il faut aimer le Luxembourg, pour y créer son activité“.

“J’attends la crise de la quarantaine, pour me lancer”

Devenir entrepreneur, il l’envisage fortement. D’ici une petite dizaine d’années, il compte lui aussi se mettre à son compte en tant que conseiller économique indépendant. Pour l’instant, il regarde le marché et pose ses jalons. “Dans mon métier, on développe beaucoup de contacts. Si on fait bien son travail et qu’on consolide bien son réseau de clients, c’est faisable“, indique-t-il. “Ce n’est pas comme monter un restaurant et attendre que la clientèle vienne à vous“.

De par son métier, il connaît les démarches administratives et financières à accomplir, les aspects légaux de la création d’entreprise, puis de sa gestion au quotidien. “L’entrepreneur en moi n’attend que cela ; mais je ne me sens pas encore prêt : une personne qui crée son entreprise doit être préparée, doit avoir la tête sur les épaules, et disposer d’une certaine stabilité financière et émotionnelle, car c’est un sacré projet”, explique-t-il. “Dès que je ressentirai les premiers signes de la crise de la quarantaine, je me lancerai“.

“Un indépendant n’est pas maître de son salaire”

Dans son métier, un conseiller junior avec un master en finance, en économie ou en gestion, plus une expérience dans le domaine, débute à environ 4.000 euros brut. En tant qu’indépendant, avec cinq ou dix ans d’expérience derrière lui, celui-ci pourra ensuite viser plus, en fonction du service fourni et de ce que les clients sont prêts à payer en retour.

Un indépendant n’est pas maître de son salaire : dans mon domaine, je pense qu’on peut tabler sur 10.000 euros brut, auquel on retirera les 25% de cotisations en sécurité sociale, ainsi que toutes les charges patronales, détaille Damien, qui estime qu’il n’y a pas de salaires standards, chez les indépendants, certains gagnant selon lui 5.000 euros et d’autres plus de 15.000 euros.

Le salaire, il faut certes y penser. Mais ce qui est le plus important c’est d’aimer son métier, même si on gagne moins. Je préfère faire ce que j’aime pendant 20 ans avec un salaire moindre, plutôt qu’avoir un salaire plus élevé mais exercer une activité que je n’aime pas“, reconnaît-il.