Au football, c’est souvent la bière qui coule à flot. Ilies Haddadji et Vivian Reydel, anciens footballeurs, ont pourtant choisi le café de spécialité pour lancer leur première affaire ensemble en 2023 : Do for love, au Royal-Hamilius à Luxembourg. « Il y a deux ans, ça aurait pu être le café comme l’eau gazeuse ! », plaisante Ilies, originaire de Thionville.

Mais d’où vient alors cette idée de café ? Le dénominateur commun entre les deux hommes, un autre ami d’enfance : Jordan Siedlewski, barista de métier. « À son retour de Londres après le Brexit, il logeait chez moi et nous voulions lancer quelque chose, tous les trois. Un jour, à la fin d’un repas, le café n’était vraiment pas bon. C’est là que l’idée est née », se souvient Ilies. « Il nous a donné l’amour du café. Je ne voyais pas toute la profondeur et le travail qu’il y avait derrière. »

Le café de spécialité, c’est la Champions League du grain ! L’excellence. Une évidence en somme pour Ilies et Vivian, bercés par le centre de formation du FC Metz, où ils se sont rencontrés voilà plus de vingt ans. « C’est la traçabilité du café, comment il est séché et préparé. Si sa note dépasse les 80/100, on parle de café de spécialité », détaille Vivian, devenu expert en la matière, lui qui ne buvait pas de café avant de se lancer dans cette aventure ! « J’ai du mal avec l’expresso, c’est encore trop fort pour moi ! Mon préféré est celui du Salvador ; le filtre manuel est moins agressif et sa floralité me plaît. »

Cruel destin

Programmés pour faire carrière à dribbler, rien ne prédestinait les deux hommes à l’entreprenariat. Encore moins dans le café. Après avoir joué au Grand-Duché, Ilies s’est reconverti comme directeur sportif. « En parallèle, j’ai travaillé à la BIL pendant sept ans comme gestionnaire de projet. J’ai passé un master en gestion, puis un autre en management du sport avec la FIFA, pour qui je suis instructeur et j’effectue des formations. Aujourd’hui, je suis spécialisé dans l’accompagnement du changement chez PWC, un métier basé 100% sur l’humain. »

De son côté, Vivian, originaire de Saint-Avold, a vu sa carrière de footballeur brisée à 24 ans. La faute à cinq opérations des ligaments croisés en deux ans et demi ! Cruel destin pour celui qui, en 2012, avait été nommé meilleur défenseur de National. Reconverti entraîneur au FC Metz, l’ancien joueur de Vannes, aujourd’hui détenteur d’un diplôme d’entraîneur UEFA A et en passe d’obtenir un master en management du sport, a retrouvé Ilies au Racing Luxembourg .Dans la capitale, les deux amis se sont côtoyés pendant trois saisons, de 2020 à 2023. 

« Si tu fonctionnes, tu avances »

Sortis de la bulle footballistique depuis l’été dernier, les deux joueurs profitent pleinement de cette première aventure entrepreneuriale et forment, avec Jordan, un trio complémentaire. Chacun joue à son poste : Ilies s’occupe des chiffres, Vivian de l’opérationnel et Jordan du café.

Au cœur de la capitale luxembourgeoise, proche des Galeries Lafayette, leur bar, Do For Love (en référence à la musique de 2Pac), dispose d’un emplacement idéal. 200 clients par jour en moyenne poussent les portes de l’établissement pour déguster expresso, cappuccino ou latte. « C’est un instant convivial et chaleureux. À n’importe quel moment de la journée, tu dis “viens, on va prendre un café”. Ici, tout le monde se côtoie, c’est comme une famille. Ce sont des moments que nous adorons, ça nous correspond bien », confie Vivian. « Nous pourrions tenir le même discours avec un club de foot. Une famille, du positif, de la convivialité et des objectifs », ajoute Ilies. 

L’esprit de compétition est inscrit dans l’ADN de ces garçons et, comme sur le terrain, les buts sont devant eux : « Dans l’entreprenariat, il n’y a pas de limite. Si tu fonctionnes, tu avances. Au bout de six mois, nous réfléchissions déjà à l’ouverture d’un second café. Dans le foot, si tu entraînes les moins de 19 ans, tu ne peux pas espérer coacher l’équipe professionnelle au bout de trois mois », décrypte Ilies.  

« Il y a un vrai parallèle à faire entre les deux mondes (le foot et l’entreprise). Comme tous les sportifs, nous voulons franchir des étapes. Nous tournons à ça, l’adrénaline du week-end avec le classement du dimanche soir et des résultats toujours plus élevés », enchaîne Vivian.

Une dizaine de cafés de spécialité existent déjà au Grand-Duché, et Do For Love prévoit déjà d’ouvrir un deuxième établissement dans la capitale. Une étape supplémentaire avant de s’exporter à l’international, « en Suisse et aux Émirats arabes unis ». En attendant de retrouver des fonctions dans un club de football, les deux amis d’enfance réfléchissent également à d’autres projets. « Nous allons jouer au Padel aujourd’hui, ça donne des idées », sourit Vivian.

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