Détaché pendant cinq ans chez BMW à Munich, Joey, technicien automobile luxembourgeois, est récemment retourné dans son entreprise, un équipementier automobile basé à Bertrange, et pour lequel il travaille depuis plus de 20 ans.

Ancien champion de course automobile au Grand-Duché, ce quinquagénaire ne s’imaginait pas qu’il piloterait un jour les prototypes du constructeur automobile allemand. De surcroît, sur place en Bavière, mais aussi sur la plupart des grands circuits d’essais du monde entier.

Pilote d’essais pour BMW

BMW recherchait un ingénieur chargé de tester sur leurs voitures les équipements moteur que nous avions construits pour eux”, explique-t-il. Le programme était initialement prévu pour une durée de deux ans. Aussi, avant d’accepter la mission, il séjourne d’abord deux jours en Bavière, afin de se faire une idée de la tâche qui l’attend.

Sur place, il pensait simplement préparer les véhicules pour des tests. Et que ceux-ci seraient réalisés essentiellement dans des chambres spécialement équipées de capteurs. Puis qu’il collecterait ensuite les données relevées par les ordinateurs, pour ensuite les communiquer aux designers et ingénieurs.

Mais les responsables du projet chez BMW voient les choses autrement : ce n’est pas uniquement en intérieur qu’il doit effectuer ces essais. Mais bien comme pilote, à bord des prototypes mêmes, et sur les pistes des circuits.

Et ce qu’on attend de lui : c’est conduire la voiture aussi vite que possible, l’amener jusqu’à ses limites, puis analyser les données enregistrées par les ordinateurs embarqués à bord.

L’objectif de ce programme du constructeur allemand : observer comment les radiateurs et les systèmes de refroidissement des moteurs réagissent, quand on pousse le véhicule à bout, dans des conditions climatiques réelles, tout aussi réelles qu’extrêmes.

Sur tous les circuits du monde

Durant ces cinq années, il passe ainsi plusieurs semaines par an, avec une équipe de designers, d’ingénieurs ou encore de mécaniciens, à piloter les nouveaux modèles de tractions-avants de la marque bavaroise et de mini, sur des circuits d’essais en France, en Espagne, en Afrique du Sud ou en Asie notamment.

Côté organisation familiale, il s’arrange : sa femme obtient un aménagement de temps de travail, de la part de son employeur. C’est donc elle qui fera la plupart des trajets entre les capitales luxembourgeoise et bavaroise, afin qu’ils soient ensemble le plus souvent possible. De fait, admet-il, sa vie de couple n’aura finalement pas été trop bouleversée par cette expérience.

De retour à Bertrange en juillet dernier, sa société lui confie un autre poste : responsable de projets, pour la partie composants de climatisation et compresseurs, des équipements conçus pour la plupart des grands constructeurs automobiles. Ici, plus question de piloter des prototypes… Mais plutôt des projets.

Comment a-t-il vécu le retour ? “On savait que la période de détachement ne durerait pas éternellement, mais quitter Munich et BMW m’a quand même fait un gros pincement au cœur. Ce fut la meilleure expérience professionnelle de ma vie”, reconnaît-il.

La passion du sport automobile

Depuis, il a repris ses activités extra-professionnelles dans le sport automobile : une collaboration freelance en tant que data ingénieur, pour une écurie de course allemande. Ainsi, les veilles de compétition, il rejoint l’équipe déjà sur place sur le site de la compétition. Avant la course, lors des essais, il a les yeux rivés sur ses tableaux de bord qui affichent en temps réel les informations enregistrées par les ordinateurs et les capteurs embarqués sur les bolides.

Il analyse les données, et communique ensuite aux pilotes ses recommandations, pour conduire plus rapidement et efficacement. Pendant la course, il observe et collecte les données. Puis, après la course, il fait le bilan.

Pourrait-il quitter son job actuel, pour travailler comme ingénieur à temps plein auprès d’une écurie automobile ? “Il n’y a pas suffisamment de travail pour cela. Il y a beaucoup de périodes creuses, notamment hors-saison”, constate-t-il. “Professionnellement et financièrement, ce serait trop risqué”.

Les qualités d’un excellent pilote

En attendant, Joey continue à faire partager son expérience aux pilotes. Et il sait qu’analyser les données pour rendre la voiture et son conducteur plus performants ne suffit pas. Car c’est à la fois le travail d’une équipe, mais aussi les qualités et le talent du pilote qui feront vraiment la différence pendant la course. “On toujours peut prendre un pilote moyen et en faire un bon pilote ; mais on ne peut jamais en faire un très bon pilote. Car un très bon pilote, c’est beaucoup de talent, mais aussi beaucoup de travail, du feeling et surtout d’excellents réflexes”.