Leila, la mi-trentaine est originaire de Metz. Après ses études de commerce et de gestion, puis une spécialisation RH, elle part s’installer en Italie, où elle travaille comme assistante du personnel, au sein d’une grande enseigne de vêtements internationale.

Pendant deux ans, elle y apprend les ficelles de la gestion des ressources humaines.

Début 2015, elle retourne s’installer dans le Grand-Est, où vit toute sa famille. Elle se fixe à Metz, et y cherche un emploi.

En France, les entreprises sont frileuses

On lui propose un CDD de six mois, qu’elle accepte faute de mieux : “En France, les entreprises sont frileuses dans leur recrutement. Elles préfèrent offrir des emplois temporaires, pour ne pas prendre de risques,” observe-t-elle.

Là, elle s’occupe justement de recruter des consultants informatiques pour les marchés français et luxembourgeois. Mais elle n’attend pas la fin de son contrat pour postuler ailleurs.

Peu de mois après, elle décroche alors un emploi de HR Officer, en CDI, au sein d’une SSII luxembourgeoise. Basée non loin de la capitale, la société compte une centaine de personnes.

Au Grand-Duché, les démarches de recrutement sont moins compliquées.”

Elle a été surprise par la façon de procéder des recruteurs : “Au Grand-Duché, les démarches de recrutement sont moins compliquées. Les employeurs sont moins réticents à proposer des CDI dès le départ, avec une période d’essai plus longue, ” remarque-t-elle.

En France par contre, beaucoup de mes camarades de promotion peinent encore à trouver un emploi en CDI. Pourtant nous avons le même parcours et le même profil.”.

“Quitte à faire le même boulot, autant le faire au Luxembourg !

Ses missions sont variées : “Je ne m’occupe plus de recrutement. Je suis désormais en charge de tout le volet administratif,” détaille-t-elle. “Gestion du personnel, des congés, des absences, des conflits, du calendrier des formations, des plans de carrière“.

En juin prochain, cela fera trois ans, qu’elle y travaille. Et elle ne regrette pas son choix : “Nous bénéficions de plus d’avantages, de meilleures conditions de travail et d’un meilleur salaire, en comparaison avec ce que j’ai pu voir en Italie et en France. Aussi, quitte à faire le même boulot, autant le faire au Luxembourg“.

Plus d’empathie et de compréhension pour les frontaliers

Frontalière elle-même, elle a plus d’empathie et de compréhension pour les problèmes quotidiens des frontaliers de la SSII : “On a en effet une meilleure vision et une approche plus pragmatique de leur situation. Et on est donc certainement plus à même d’apporter des solutions adaptées à leurs problématiques,” indique-t-elle.

On essaie d’être plus flexible en matière d’horaires de travail, et de télétravail, par exemple. Dans notre organisation du temps de travail, on essaie aussi de prendre en compte les gens qui ont une famille et qui n’ont pas la possibilité d’avoir de garde d’enfants.

Cependant les options restent limitées : “Mais on ne peut pas répondre à toutes les exigences,” tempère-t-elle. “Il existe en effet une législation. Et on ne peut pas déroger à la règle, sous prétexte d’avoir un statut de frontalier“.

C’est un métier dur.

Si ses missions lui plaisent, elle les considère comme parmi les plus prenantes qu’elle ait eu à accomplir : “C’est un métier dur. La plus grande partie consiste en effet à gérer l’affect des gens,” précise-t-elle.

Nous fonctionnons tous avec des leviers de motivation différents. Et l’idéal serait de satisfaire toutes les demandes. Mais la logique de l’entreprise ne permet pas de s’occuper de chaque cas particulier. Cela ne peut pas marcher.

Aussi, elle fait du mieux qu’elle peut : “J’essaie d’être à l’écoute des gens. Même si ce n’est pas toujours facile. Ce n’est pas dans ma nature d’imposer. Mon approche consiste plutôt à proposer et essayer de nouvelles solutions, et de voir comment elles se développent.

J’ai mes propres plans de développement personnel et de carrière.”

Une démarche qu’elle applique dans sa vie privée également. Revenue dans le Grand-Est “pour voir“, elle envisage désormais de s’y fixer définitivement. Et pour rien au monde actuellement, elle ne changerait sa situation de frontalière.

J’ai mis en place mes propres plans de développement personnel et de carrière,” ironise-t-elle. “Rester à Metz, où il fait bon vivre ; et au Luxembourg, où il fait bon travailler. Si cela ne va plus, j’adapterai mes projets, quitte à changer de métier et de pays.”