Elle a recueilli 5 689 signatures. La Commission des pétitions, à la chambre des députés du Luxembourg, a donné un avis favorable pour mettre au débat le sujet sur « L’instauration du droit au télétravail ».

Le contenu de cette pétition n° 1556, initiée par Serge Rémy est explicite :  « Suite à la crise du Covid-19, beaucoup de salariés ont mis en œuvre des solutions de télétravail montrant ainsi que les fonctions et les tâches qui leur sont assignées peuvent très souvent être effectuées au domicile du salarié (…) Afin d’augmenter le bien-être des travailleurs et de réduire la pollution atmosphérique, pour que les salariés qui le désirent puissent bénéficier du télétravail, nous proposons de modifier le code du travail pour introduire un droit au télétravail.»

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Des accords (déjà) dénoncés par un maire

C’est à partir du 14 mars, à l’annonce du confinement, que de nombreux frontaliers allemands, belges et français ainsi que des résidents luxembourgeois ont commencé à travailler à domicile.

Une pratique que le gouvernement luxembourgeois avait, jusqu’à présent, plutôt réglementée en signant des accords avec les différents pays imposant des jours dans l’année de télétravail pour les salariés. Pour rappel, au Luxembourg, les salariés belges peuvent télétravailler 24 jours, 29 jours pour les français et enfin 19 jours pour les allemands.

Depuis la crise sanitaire et l’augmentation du télétravail pour les frontaliers, Alain Casoni, maire de Villerupt avait alerté ses citoyens frontaliers sur la méthode employée par le Luxembourg : «

« Ces accords sont du « pain béni » pour le Luxembourg.  Pour le conseiller départemental : «  Il s’agit bien là de permettre au Luxembourg d’encaisser les impôts sur les revenus et en aucun cas de simplifier la vie des frontaliersEn effet en l’état des accords existant au niveau de l’O.C.D.E., les frontaliers français peuvent télétravailler au-delà du 28° sans aucune difficulté. Du 29ème jour au 63ème  jour  le frontalier télétravailleur devient imposable en France pour la totalité de son activité annuelle (bonne nouvelle pour le budget de la France et pour le frontalier devenant moins imposé). Son entreprise au Luxembourg n’ayant qu’une ligne à ajouter sur le bulletin de salaire afin d’identifier la part de l’impôt prélevé à reverser à la FranceAu-delà du 63ème jour, soit environ un trimestre, ce sont les cotisations sociales sur son salaire qui sont alignées sur le régime français (bonne nouvelle pour la Sécurité sociale et l’UNEDIC et mauvaise nouvelle pour le frontaliers et son employeur luxembourgeois) ».

Outre l’aspect fiscal, deux mois et demi plus tard, force est de constater que le télétravail fonctionne au Grand-Duché. Pour la mobilité par exemple, il a favorisé la suppression des embouteillages et les problèmes liés aux transports en commun. L’impact favorable du télétravail sur l’environnement serait particulièrement significatif dans les villes.

Celui-ci influe positivement sur bien d’autres aspects pour Hervé, frontalier belge. A l”inverse, pour Ingrid, une frontalière française, elle n’y voit que des inconvénients.

Une plus grande flexibilité des salariés

Hervé est frontalier belge. Informaticien dans une entreprise au Luxembourg depuis quatre ans, il travaille chez lui, depuis le 17 mars. Il fait partie de ces salariés qui ont signé la pétition sur le télétravail car selon lui, il n’y voit que des avantages. « Je ne perds plus de temps dans les transports soit 2h30 par jour. C’est de la disponibilité que je peux mettre au service de mon employeur » exprime-t-il.

D’ailleurs, dans le document déposé à la chambre des députés, on peut noter une petite phrase : «  Si le télétravail n’est pas possible, c’est à l’employeur d’en apporter la preuve ». C’est aussi cette petite mention qui a incité Hervé à se mobiliser pour cette cause.

Dès le début de son embauche, il avait suggéré, à son employeur, la mise en place du télétravail pour son poste. Devant la réticence de celui-ci, Hervé n’avait pas insisté : « Je crois que je viens de prouver à mon directeur l’efficacité de cette pratique. J’ai été plus productif, plus serein devant des tâches professionnelles parfois laborieuses et à l’écoute de mes collègues parce que j’étais moins fatigué ».

Le burn-out “assuré” pour Ingrid

Conf call, vidéo conférence, skype, zoom…tels sont les outils de communication qui ont rythmé la vie d’Ingrid, frontalière française, 48 ans.

Elle travaille comme web designer au Luxembourg depuis neuf mois et encadre une équipe de deux personnes. Comme tous les salariés, elle a été informée d’une pétition sur « L’instauration au droit du télétravail » mais elle n’a pas souhaité la signer affirmant que le télétravail est une véritable souffrance psychologique.

Elle se dit d’ailleurs au bord du burn-out parce que ses journées ont été « à rallonge » . « Etre disponible pour le salarié qui se lève tôt le matin et pour celui qui commence à bosser qu’en fin de journée. Pas simple à gérer ».

En plein période de confinement, le relationnel entre les collaborateurs doit être encore plus bienveillant : « Tu prends beaucoup sur toi pour ne pas blesser l’autre. Si tu as un collègue qui prend la mouche sur une simple réflexion, le skype est coupé et le téléphone débranché. Ces situations sont anxiogènes » explique-t-elle en précisant : «  La communication en télétravail a des limites ». 

Un humoriste décrit les “conf call“…

De son côté, le jeune humoriste Hughes Lavigne, originaire de Ramonville (au sud de Toulouse), a détendu la France pendant le confinement avec une vidéo déjantée sur le télétravail et les « conf’ call » qui a été partagée des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux. Il a tenté, avec bienveillance, de dédramatiser une situation vécue par des salariés pris parfois au dépourvu.

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