On a choisi !” Mélange de fatalisme à peine voilé, de lucidité aussi et de détermination. “Il faut bosser c’est comme ça. On le savait avant de venir hein !”

Et encore depuis un peu plus de deux ans, le quotidien de Robert s’est quelque peu bonifié. “Avant, c’était quasiment 100 bornes aller. Je n’en pouvais plus. C’est en partie pour ça que j’ai changé.”

Bouchons-boulot-dodo

Depuis sa petite bourgade lorraine jusqu’à la presque frontière belge, le jeune diplômé en a bavé à l’heure d’honorer son premier CDD reconductible au Grand-Duché.

Il vient d’achever avec succès son BTS en alternance en France, il y a quatre ans, quand il franchit la frontière, plan de carrière déjà bien en tête, pour une année de bouchons-boulot-dodo.

Primo, il n’accroche pas avec le boulot de géomètre dans son coin. “En France, c’était trop porté sur le juridique.” Deuzio, les responsabilités sont d’une toute autre nature au Luxembourg. “On nous laisse la chance de prouver.”

A ce titre, le Mosellan regrette que les tâches qui incombent aux topographes ne bénéficient pas de la valorisation qu’elles mériteraient. “Je dois faire des relevés, imaginer le projet et l’exécuter. Tout doit être tip top carré. Si jamais il y a un souci, c’est moi qui prend.”

Ceci dit, tercero, les émoluments luxembourgeois demeurent appréciables comparés à ceux de leurs homologues français. “C’est au moins 600 € de plus avec un treizième mois, des primes de participation, une voiture de fonction.

“Je voulais acheter directement”

Ce dernier avantage ne lui laisse, en revanche, pas l’alternative du transport. “J’ai toujours pris la route, jamais l’autoroute sinon je peux encore ajouter 30 min. Avant, mon lieu de travail n’était pas desservi par les transports en commun et maintenant j’ai un véhicule.”

La contrainte du trajet lui a un temps tellement pesé que seule une circonstance singulière, en l’occurrence une future opportunité de carrière, l’a contraint d’abandonner l’acquisition d’un bien immobilier sur place. “Comme je ne compte pas revenir en France, je voulais acheter directement. Je n’y ai renoncé que lorsque ma direction m’a proposé un projet de plusieurs années à l’étranger.” Partie remise sans doute.

“Faire le plein tous les 3-4 jours, ça faisait un sacré tarif !”

A l’approche du quart de siècle, sans compagne, sans enfant, “je peux me permettre de faire tous ces efforts. Peut-être que quand j’aurai une famille, je verrai la chose d’une autre manière.” D’autant qu’il s’est déjà renseigné sur ce que le pays propose à ses pensionnés. “Qui n’y pense pas ?”

Toujours est-il que depuis qu’il a intégré sa boite actuelle, plus proche, il peut voir venir tout en s’acharnant moins sur sa tirelire. “Faire le plein tous les 3-4 jours, ça me faisait une sacrée dépense !”

Par ailleurs, moins en contact avec le client, plus affecté à la construction, à la tête d’une dizaine de chantiers sur le territoire, il a trouvé chaussures de sécu’ à son pied. “Je pense que je vais faire toutes mes classes ici. J’adore mon travail et mon entreprise.” Et de conclure : “Ça va, on s’en sort bien !”