Autant d’emplois menacés ici puis là, en si peu de temps, voilà bien longtemps que l’industrie luxembourgeoise n’avait subi de pareils soubresauts. On parle de 160 du côté de DuPont Teijin Films à Contern, 155 chez Husky Dudelange, une trentaine d’autres à John Zink toujours à Dudelange… Des annonces survenues en six semaines à peine !

Contrairement à l’optimisme de façade encore affiché par la Fédération des industriels luxembourgeois (Fédil) fin mars encore, le péril serait néanmoins d’actualité pour le secteur industriel du Grand-Duché. Un domaine porteur de près de 39.000 emplois…  Et l’annonce d’une soudaine tripartite Industrie par les ministères de l’Economie et du Travail démontre l’urgence à agir.

Mi-avril (mercredi 19 a priori), les partenaires sociaux devraient ainsi se retrouver pour évoquer l’avenir du secteur. Gouvernement, syndicats et Fédil ayant accepté volontiers ce rendez-vous validé par les ministres Fayot et Engel. Une tripartite sectorielle à l’image de ce qui s’était fait ces dernières années pour l’aviation (en pleine crise Covid) ou la sidérurgie.

Un dialogue social et reclassement

Pour Robert Fornieri, du LCGB, « cette tripartite intervient pour empêcher une éventuelle hécatombe. On voit les dominos tomber les uns après les autres, brutalement et sans trop savoir où cela peut s’arrêter ». Même son de cloche du côté de Stefano Araujo, de l’OGBL : « Nous ne sommes pas en état de crise, mais en situation de pouvoir l’éviter en agissant dès maintenant ».

Pour les deux syndicats, l’urgence de remettre les partenaires autour d’une table est venue « de la manière très dérangeante » qu’ont eu les directions concernées par des réductions d’effectifs d’agir. Aucune information en amont et un couperet qui tombe brusquement. Comme si le dialogue social n’existait plus. Comme si la “cogestion” des crises n’ s’était jamais pratiqué. « C’est cette tendance à arriver directement à la case Plan social sans autre alternative qu’il faut briser de suite. »

Le message sera adressé à la présidente de la Fédil pour qu’elle le relaie bien à ses adhérents. « Personne au Luxembourg n’a d’intérêt à tout balancer à la casse directement », tonne Stefano Araujo. Et son homologue Robert Fornieri de reprendre : « Nous attendons aussi du patronat qu’il nous présente un état des lieux. »

Etat comme syndicats doivent ainsi entendre les difficultés du moment, et voir si de redoutables conséquences doivent être envisagées. Coût de l’énergie, manque d’investissements, décisions de gestion prises depuis l’étranger, pénurie de main d’œuvre : les motifs de préoccupation doivent être analysés… solutionnés.

« Nous allons aussi plaider pour la mise en place d’une cellule de reclassement nationale », plaident OGBL et LCGB. Car, justement à l’heure où de nombreuses sociétés peinent à trouver des profils qualifiés, cette CDR permettrait de mettre en relation offres/demandes d’embauches.

Cet “outil” deviendrait d’autant plus pertinent si les licenciements annoncés devenaient effectifs. « L’idéal reste de viser le maintien dans l’emploi sur les différents sites mais si d’une manière temporaire (prêt de main d’œuvre autorisée) ou définitive, on peut faciliter les passerelles et éviter du chômage, faisons-le ! » Tout comme des mesures de chômage partiel, préretraite, plan de formation peuvent être envisagés avant de gonfler les rangs de l’ADEM. Mais à condition…

 

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