La question divise depuis des semaines parmi les politiques et dans la population : faut-il rendre la vaccination contre le Covid-19 obligatoire ou non au Luxembourg ? Afin d’apporter un éclairage supplémentaire, le gouvernement a demandé à plusieurs experts de se pencher sur la question. Leurs conclusions ont été rendues publiques ce mardi 5 juillet.

Obligation vaccinale pour les plus de 50 ans ?

Après plusieurs mois à comparer, étudier et mettre en parallèle différentes données, les experts Vic Arendt, médecin infectiologue, Claude P. Muller, expert en virologie et immunologie, Gérard Schockmel, médecin spécialiste en maladies infectieuses, Thérèse Staub, médecin et présidente du Conseil supérieur des maladies infectieuses ainsi que Paul Wilmes, professeur d’écologie des systèmes, ont présenté leur rapport, tandis que les contaminations remontent en flèche au Luxembourg.

Le principal enjeu de leur réflexion : éviter une surcharge du système de santé, en particulier des soins intensifs, à l’automne prochain. Avant de trancher la question d’une vaccination obligatoire ou non contre le Covid-19, il faut déjà répondre à la question « pour qui ? ». « Les statistiques nous indiquent que 98 % des personnes décédées du variant Delta (et 100 % de celles touchées par Omicron) avaient plus de 50 ans », indique le professeur Claude P. Muller.

Par ailleurs, actuellement, 13,5 % de la population âgée de 50 ans et plus n’est pas vaccinée, soit presque 30 500 personnes. Or, « le risque d’être malade et de se trouver en soins intensifs est lié à l’âge, c’est prouvé », poursuit Claude P. Muller. Pour les experts, rendre la vaccination obligatoire serait donc pertinent pour les personnes de 50 ans et plus.

La question d’une quatrième dose

Dans les différents scenarii établis par les experts, l’intérêt d’une nouvelle dose, d’un nouveau booster, revient fréquemment. « D’après nos calculs et nos projections, en cas de nouvelle vague de type Delta ou Omicron à l’automne, bénéficier d’une quatrième dose prendrait tout son sens. Dans certains cas, comme face au variant Delta par exemple, cela permettrait de réduire jusqu’à 97 % les risques de se retrouver en soins intensifs ! », souligne le docteur Gérard Schockmel.

Face à l’apparition d’éventuels nouveaux variants comparables à Delta ou Omicron, les résultats des experts sont formels : être vacciné et recevoir une quatrième dose avant l’automne réduira les risques de développer une forme grave du virus dans tous les cas de figure. Les statistiques confirment au demeurant « qu’au moins trois doses sont nécessaires pour lutter convenablement contre Omicron, moins sensible au vaccin que Delta ».

Pas d’obligation vaccinale pour les professionnels de santé

En marge de leurs recommandations à l’ensemble de la population, et en particulier aux personnes de plus de 50 ans, les experts se sont aussi exprimés sur la pertinence d’une obligation vaccinale pour les personnels travaillant dans le secteur des soins de santé.

Sur ce point précis, l’obligation de se faire vacciner ne devrait pas, pour eux, être retenue pour plusieurs raisons : le fait que dans l’immense majorité des cas, les patients ou pensionnaires des structures de soins et d’hébergement sont déjà suivis par leur médecin, que des antiviraux existent et aussi qu’au-delà de cinq mois, l’impact d’une vaccination se voit de toute façon réduite sur les infections et la transmissibilité.

En revanche, le groupe d’experts penchent plutôt pour différentes mesures contraignantes à destination des personnels de santé réfractaires à la vaccination, comme l’obligation de révéler son statut vaccinal. « Il nous parait en effet inacceptable que le droit au secret médical d’une minorité du personnel du secteur soit placé au-dessus du droit à l’intégrité physique des personnes vulnérables qui leur sont confiées. »

Après leur premier avis émis le 14 janvier dernier, ce second avis scientifique et médical des experts sera discuté lors du prochain Conseil de gouvernement, le 8 juillet. In fine, c’est le gouvernement, après passage à la Chambre des députés, qui a le pouvoir de suivre et surtout d’appliquer ou non ces préconisations.

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