Le Parti chrétien social a remporté les élections du 8 octobre. 29 % des votes, 21 députés élus à la Chambre : le CSV mené par Luc Frieden arrive en tête du scrutin. Et maintenant, le plus dur reste à faire : former un gouvernement disposant d’une majorité parlementaire. Autrement dit non seulement se trouver un allié politique pouvant apporter les (a minima) 10 députés manquant pour s’assurer du vote des lois mais aussi réunir autour d’un programme à mener jusqu’en 2028. Le fameux accord de coalition, socle de tout gouvernement.

🤝 Avec qui le CSV peut-il gouverner ?

Mathématiquement, deux choix s’offraient au parti : les socialistes du LSAP (11 députés) ou les libéraux du DP (14 élus). C’est vers ce second que le choix du CSV s’est porté. Les négociations ont déjà débuté pour savoir si cette alliance sera possible. Elles seront officialisées ce mercredi 11 octobre avec une réunion plénière organisée au Château de Senningen, lieu des “grands” rendez-vous gouvernementaux (type tripartite, par exemple).

Sur le papier, pas d’incompatibilités fondamentales mais… mieux vaut tout aplanir avant d’essayer de mener le Grand-Duché, le quotidien de ses 650.000 habitants et des 217.000 frontaliers actuels. Une coalition CSV-DP ne serait d’ailleurs pas une première pour le Grand-Duché.

Ainsi, chrétiens-sociaux et libéraux se sont déjà retrouvés ensemble à diriger le gouvernement à trois reprises, depuis 1955.

📅 Á quand le prochain gouvernement ?

Aucune limite de calendrier n’existe. Si l’équipe gouvernementale en place a donné sa démission, lundi, chacun des ministres reste à son poste. Luc Frieden et ses proches peuvent donc théoriquement négocier sans la pression du chrono.

Reste que la situation tendue actuelle (inflation, logement, chômage, guerre en Ukraine ou crise israélo-paestinienne) impose de ne pas laisser le pouvoir vacant trop longtemps. D’ailleurs, Luc Frieden a déjà fait part de son impatience à voir son parti revenir aux affaires. « Il ne faut pas traîner », a déjà déclaré celui qui a déjà officié comme ministre de Jean-Claude Juncker (entre 1998 et 2013).

Selon le rythme “habituel”, la désignation du nouveau gouvernement devrait intervenir avant la mi-décembre… au plus tard.

🔄 Bettel comme futur Premier ministre ?

La question se pose réellement. Déjà parce que rien n’impose dans la Constitution que ce soit le “chef” du parti le plus fort aux législatives qui prennent le poste. Si Xavier Bettel (DP) a déjà fait savoir qu’il était prêt à continuer à servir le pays, il a aussi précisé que cela pourrait se faire comme “simple” ministre ou… Premier d’entre eux.

Lui, l’ancien bourgmestre de Luxembourg-ville, a pris ses marques dans cette fonction depuis dix ans et visiblement le travail lui plaît. En plus, le DP est la formation politique qui a le plus gagné de sièges d’une élection législative à l’autre (+2, 14 députés au total) quand son possible allié du CSV a stagné (21 élus en 2018 et 2023). Les vents lui sont favorables donc.

Durant la campagne électorale, Luc Frieden a plusieurs fois qu’il ne ferait pas de la conquête du poste de chef de gouvernement le passage obligé d’une future coalition. C’était avant la “victoire”… L’appétit lui est peut-être revenue ces derniers jours.

Toujours est-il qu’en interne au CSV, plusieurs voix doivent déjà faire pression pour éliminer le choix Bettel et garder la place au chaud pour un “chrétien-social” pur souche. Après tout, voilà trois élections parlementaires où le CSV arrive en tête et jamais il n’a été en mesure d’occuper cette position stratégique, alors pourquoi se priver ?

🗳 Faut-il être député pour devenir ministre ?

Qui veut être nommé ministre, secrétaire d’Etat ou ministre délégué se doit d’abord d’être Luxembourgeois. Par contre, nulle obligation d’avoir été parlementaire ou même élu communal avant d’intégrer le gouvernement. Ce fut notamment le cas de Paulette Lenert (LSAP) qui avant de devenir ministre de la Santé du précédent gouvernement ne s’était jamais présentée à une élection.

Par contre, homme ou femme qui seront désignés autour du prochain Premier ministre devront -si c’est le cas- démissionner de toute fonction de magistrat, membre de la Cour des comptes, conseiller d’État, de député ou de conseiller communal. Un vrai choix de “carrière” donc… Mais nul doute que la Chambre des députés constitue le vivier premier pour y pêcher les noms de celles et ceux qui, demain, détiendront un portefeuille ministériel.

Dans l’esprit des textes, c’est le Grand-Duc (chef de l’État) qui nomme les ministres. La réalité des faits étant que le monarque valide le plus souvent les choix qui lui sont proposés par le formateur du gouvernement.

🚻 Le gouvernement doit-il être paritaire ?

Même si la Constitution vient d’être dépoussiérée, elle ne comporte rien sur l’obligation d’un mix équilibré entre hommes et femmes. Mais, à l’heure actuelle, nul doute qu’un œil particulier sera porté sur cette question.

Il est vrai que le gouvernement à venir pourrait effacer le côté macho de la Chambre élus pour la période 2023-28. En effet, les électeurs ont désigné pour les représenter bien plus de messieurs (42) que de dames (18): un 70-30% bien loin d’un fifty-fifty honorable.

Quant à dire que le prochain chef du gouvernement sera une femme, certains y ont cru. Et notamment dans les rangs du LSAP où les sondages pouvaient laisser prévoir un autre score pour le LSAP et un autre destin pour Paulette Lernert.

 

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