Le nucléaire s’invite dans l’ordre du jour luxembourgeois. Mi-juin, les représentants du Grand-Duché participeront ainsi à une Commission bilatérale de sûreté nucléaire à propos de la centrale de Cattenom. Pas sûr qu’une (éventuelle) annonce d’une extension de l’équipement lorrain ne soit la bienvenue alors. Des années en effet que le Luxembourg et ses élus désapprouvent la politique atomique de leur voisin français.

Cette opposition vaut aussi pour la conduite énergétique menée en Belgique. Et la volonté de Bruxelles de poursuivre au-delà de 2025 l’exploitation des réacteurs de Tihange 3 (près de Namur) et Doehl 4 (près d’Anvers) ne va pas attiser le différent dans les jours prochains. D’autant que les autorités belges parlent de repousser de dix ans la fermeture envisagée de ces deux sites (en activité depuis 1985).

Si, comme le veut la loi, une consultation transfrontalière a été lancée par la Belgique depuis mars dernier, le voisin luxembourgeois n’a pas encore officiellement fait entendre sa voix. Mais si la ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring n’a encore rien répondu, Greenpeace Luxembourg a choisi de le faire par contre.

Encore un mois de consultation

Et face aux risques, c’est sans surprise que l’ONG réaffirme son opposition au projet de prolongation des deux réacteurs. Déjà parce que, selon l’association, les conclusions de l‘étude d’impact environnemental présentée par les autorités belges seraient, au mieux optimistes, au pire légères. Le représentant luxembourgeois de Greenpeace vient de le rappeler : si l’étude souligne des « effets transfrontaliers des accidents qui resteraient limités », Roger Spautz estime que le danger est bien réel :  « Les plus grands risques ont été laissés de côté ».

Si un incident sérieux arrivait sur l’un ou l’autre des réacteurs cités, il va de soi que le Nord-Est de la Belgique serait la zone la plus impactée. Mais il y a 3 % de risque que les habitants du Luxembourg doivent être déménagés. La faute au vent qui exposerait le Grand-Duché au “nuage toxique” s’échappant de Tihange ou Doehl

Pour Greenpeace Luxembourg, les deux sites souffrent aussi de points de faiblesse. Comme des dommages au béton des bâtiments importants (déjà constatés aujourd’hui) qui pourraient mettre la sécurité des installations. Exploiter une décennie supplémentaire ces infrastructures reviendrait donc à pousser d’un cran les curseurs d’insécurité, selon l’ONG.

Aux yeux de Greenpeace, le rapport environnemental sur la déconnexion repoussée indiquerait même «sans détour» qu’afin de prolonger la durée d’exploitation des réacteurs, « les exigences de sécurité doivent être réduites, ce qui entraîne mécaniquement une augmentation des risques d’incidents ».

Considéré comme “pays touché” par la décision belge, le Luxembourg est en droit de réagir à la Consultation transfrontalière. Chacun (à l’instar de Greenpeace) peut ainsi faire part de son avis aux autorités du Royaume mais aussi au ministère de l’Environnement luxembourgeois. Une adresse mail a été créée à cet effet ([email protected]). Elle est ouverte un mois encore, jusqu’au 20 juin 2023.


D’où ça vient?

Le Luxembourg importe 70 % de son électricité d’Allemagne et 23 % de France. Les watts importés depuis l’Hexagone est majoritairement injecté dans le réseau alimentant les usines sidérurgiques d’ArcelorMittal.