Aux traditionnels souhaits de réussite et de bonne santé pour la nouvelle année, le maire de Cattenom, Bernard Zenner, y a ajouté cette année un vœu bien particulier pour 2023 : créer deux nouveaux réacteurs sur la centrale implantée sur sa commune. L’annonce était passée plutôt inaperçue en janvier dernier, avant que France 3 Grand Est n’en rapporte récemment le contenu.

Profiter de l’occasion

« Je souhaite que l’ensemble des élus de la région me suivent dans cette volonté d’ouvrir deux nouvelles tranches nucléaires à Cattenom », aurait ainsi confié l’édile cattenomois au cours de la cérémonie de vœux qu’il organisait pour la nouvelle année.

Une annonce qui intervient au moment où le gouvernement français réclame justement à EDF la création de six nouveaux EPR (« European Pressurized Reactor », en français « réacteur pressurisé européen »).

Le maire de Cattenom, par ailleurs 2e vice-président du Conseil communautaire, n’a jamais caché sa position « pro-nucléaire ». Lui-même auto-entrepreneur en formation nucléaire, il rappelait il y a trois semaines encore, en marge d’un forum des métiers à destination de collégiens des environs, « les nombreuses opportunités d’embauches » qu’offre la filière.

Augmenter la production

Avec trois unités de production opérationnelles (la 1, la 2 et la 4) et une unité 3 à l’arrêt pour des travaux de réparation portant sur les tuyauteries, la centrale de Cattenom assurait en 2021 70 % des besoins en électricité de la région (et 8 % de la production française).

Implanter deux nouveaux réacteurs permettrait donc d’accroître la capacité de production de Cattenom. Ces EPR de nouvelle génération sont en effet censés produire plus de 20 % d’électricité supplémentaire que les réacteurs actuellement en exploitation (1 600 MWe contre un peu moins de 1 300 MWe).

Quant à la durée estimée de leur construction, celle-ci est estimée à cinq ans, même si d’importants retards ont été relevés sur les premiers chantiers.

Prudence et contestations en vue ?

En réponse au vœu de Bernard Zeller, des voix n’ont pas tardé à s’élever, notamment du côté du Luxembourg où le responsable des questions nucléaires chez Greenpeace, Roger Spaultz – « attendant encore une confirmation de la part d’EDF ou du gouvernement français » – rappelait à France 3 Grand Est « l’importance d’investir dans les énergies renouvelables et les économies d’énergie ».

S’étalant sur un périmètre de 415 ha, la centrale de Cattenom s’était encore étendue de six hectares supplémentaires en 2019. Une acquisition avant d’accueillir de futurs réacteurs ? La question avait été posée à l’époque par le député LSAP Mars Di Bartolomeo au gouvernement luxembourgeois qui, après s’être informé auprès d’EDF, avait répondu que « la surface des terrains, objet des acquisitions, ne permettrait pas la construction d’un nouveau réacteur ».

Ouf… quoique le même gouvernement grand-ducal, à travers la voix de ses ministres de la Santé, de l’Énergie et de l’Environnement rappelait en outre que ces acquisitions étaient censées « préparer l’avenir, et faciliter des projets qui pourraient émerger demain sans qu’aucun schéma ne soit à ce jour défini »…

Quoiqu’il en soit, nul doute que le Grand-Duché sera vigilant sur l’avancée (ou non) du projet sur Cattenom, ne serait-ce qu’à travers le respect de la convention d’Espoo.

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