Quoi de mieux qu’un retour aux sources pour se ressourcer ? « C’est simplement génial ! ». Epanouie dans un environnement familier, « heureuse de se lever le matin », Lucie manque de qualificatif pour illustrer sa renaissance.

Sa nouvelle vie, la bientôt quinquagénaire l’apprécie à sa juste valeur. Du « baume au cœur » pour celle qui, trouvant « le courage de franchir le pas », ne se donnait qu’une maigre chance d’écrire une nouvelle page. « Cela prouve qu’avec une motivation de fer, on peut encore changer de voie, même à mon âge », s’enthousiasme-t-elle, habituée à bousculer les habitudes.

« J’avais envie d’un nouveau challenge »

Epaulée par ses proches, las de la voir végéter au sein d’un univers aux antipodes de ses convictions, Lucie s’est prise par la main à l’approche de la fin d’année 2014. « La fonction publique et tout son carcan, le stress permanent, ont fait qu’à un moment donnée, la corde a lâché ».

Frôlant le burn-out après vingt-sept années de service public dont dix en tant que secrétaire comptable, l’ancienne aide-maternelle mûrit sa décision pendant presque deux hivers. « Ce fut difficile, admet-elle, je ne suis pas une carriériste mais je ne me satisfais pas de mon petit confort ».

S’estimant barrée par sa hiérarchie qui renvoyait ses revendications aux calendes grecques, elle a médusé son monde en signant son CDI au Grand-Duché avant de donner sa démission en France. « Je leur disais sans cesse ‘Je partirai’ mais personne ne me croyait. J’avais envie d’une nouveau challenge, montrer que j’en avais encore sous la semelle ».

« Au final, cela profite à tout le monde »

Abandonné les pieds de plombs, Lucie retrouve de l’entrain à l’occupation d’un poste multifonctionnel. « Je suis secrétaire de direction dans une crèche mais je prête régulièrement mains fortes avec les enfants, s’égaye-t-elle à l’évocation de son quotidien. Il serait impensable de faire ce que je fais aujourd’hui en France ».

Ses velléités d’exil ont réellement surgi après avoir essuyé plusieurs refus dans son département. Le second entretien au Luxembourg, dégoté via le bouche-à-oreille, fut le bon. Déterminée, Lucie prend des cours de luxembourgeois, qui certes, « ne me servent pas vraiment » mais souligne que l’effort est apprécié par les autochtones.

Les cinq petites minutes qui reliaient son bureau du domicile ont été, au minimum, multiplié par six mais « je m’en fous ! J’écoute la radio, c’est un instant de presque détente ». Et puis, « imaginez la culbute ! J’ai passé trente ans à 1500 euros, et encore j’arrondis, tandis que maintenant j’en suis à quasiment 1000 euros de plus ! ».

Enfin, le changement a été tout aussi radical dans l’intimité. « L’esprit plus libre » alors que ses enfants sont en âge d’être autonomes, sa famille se réjouit de la voir requinquer. « Au final, cela profite à tout le monde », résume-t-elle, définitivement convertie, dans un sourire. Dans le cas de Lucie, l’adage « mieux vaut tard que jamais » a pris tout son sens !