Le Directeur de la CLC a réagi au sujet de la vignette anti-frontaliers qui fait débat actuellement. Pour rappel, un groupe comptant déjà plus de 1000 membres sur Facebook, prône la création d’une vignette autoroutière pour tous les frontaliers qui empruntent les routes luxembourgeoises pour se rendre au travail.

Thierry Nothum , directeur de la CLC (Confédération luxembourgeoise du commerce) a réagi à cette situation dans l’éditorial à paraître dans le prochain numéro de « clc connect ».

« Chers frontas, nous sommes heureux de vous accueillir et contents de vous voir partir ».
 
Parfois j’ai honte … !
 
Ils sont 150.000 à traverser quotidiennement nos frontières pour venir travailler au Luxembourg, ou dois-je dire, pour venir atténuer le manque de main d’œuvre sur le marché du travail indigène.
 
Dans le commerce de détail luxembourgeois, 46 % de nos collaborateurs sont des frontaliers. Sans le concours précieux de nos collaborateurs allemands, belges ou français, il serait impossible de faire fonctionner nos points de vente. A noter par la bande que ces frontaliers dépensent 1.22 milliards de leurs revenus au Luxembourg !
 
Nous entrepreneurs, tout aussi bien que nos clients, devrions honorer cette décision des frontaliers qui privilégient un emploi au Luxembourg plutôt que de travailler dans leur pays de résidence. Leur motivation est certainement l’attrait de salaires nets plus élevés au Grand-Duché. Mais pour fidéliser mes collaborateurs, tous les directeurs des ressources humaines vous diront qu’à la longue, seule une rémunération attrayante ne suffira pas. 
 
Aussi, quant est-il de cet avantage de quelques centaines d’euros que le frontalier doit reverser illico dans sa note mensuelle de carburant ? Nos infrastructures routières et autoroutières étant incapables d’absorber le nombre accru de trajets professionnels et ce malgré l’amélioration de l’offre dans les transports publics, les déplacements sont pour ces milliers de navetteurs un calvaire quotidien. Un sacré facteur de démotivation !

Nous savons que la qualité de l’accueil est critiquée par des consommateurs (dans la majorité luxembourgeois). Nous acceptons ce reproche et avons lancé des actions pour promouvoir une réelle culture du service dans le commerce. Mais nous savons aussi que très souvent, ces tensions ne sont pas provoquées par nos forces de vente « étrangères » mais par un comportement « inadéquat » de clients qui « ne sentent plus chez eux ». Ce malaise est à l’origine d’un réel sentiment de frustration auprès de beaucoup de vendeurs/-euses frontaliers.
 
Autre exemple : le bénéfice des chèques-services sera réservé aux parents résidents ! Les impôts qui servent au financement de cette mesure sociale, sont-ils uniquement le mérite des
parents-travailleurs résidants ? 
 
Et cette action des « antifrontas » qui voudraient exiger des frontaliers le paiement d’une taxe autoroutière, sinon appellent à une solution alternative : que les frontaliers restent, et si ce
n’est que pour une journée, à la maison !
 
En tant que luxembourgeois et résident, j’ai parfois honte de voir qu’au lieu d’accueillir les frontaliers à bras ouverts, de leur simplifier leur intégration au Luxembourg, de les motiver à
s’identifier avec notre pays, son économie et sa vie sociale, leur secteur et leur entreprise, nous attisons – souvent sans le vouloir –  un climat de ségrégation qui ne nous est pas digne !

Thierry Nothum
Directeur

Communiqué transmis par la CLC.