Albin est originaire et habite à Yutz. Diplômé d’un brevet professionnel, il exerce la profession de peintre en bâtiment. Après ses études, il décide d’être à son compte en France pour « être libre de faire ce qu’il veut » précise-t-il. Cette aventure professionnelle va durer près de cinq ans. En 2015, c’est le grand changement, il deviendra travailleur frontalier au Luxembourg, à son compte.

Frontalier un jour, frontalier toujours – pas vraiment !

« A présent, je suis plongé dans le doute, après cinq ans passés au Luxembourg, c’est la galère dans les transports et c’est de pire en pire. Je perds en qualité de vie » souligne le père de famille. Sa maman, manager dans la restauration travaille au Luxembourg… sa sœur aussi… et son épouse également. Le Grand-Duché, il connaît bien. Et s’il décide de repartir en France, ses motivations deviennent, jour après jour, plus concrètes. Même s’il hésite encore à franchir le pas.

Ce papa de deux enfants et bientôt d’un troisième en avril 2020, aspire à une autre vie même s’il avoue sans ambages que dans son métier : « La qualité de travail est clairement meilleure au Luxembourg qu’en France ».

2.500 euros au Luxembourg contre 3.000 euros en France

Lesfrontaliers.lu : quel est votre salaire de peintre au Luxembourg ?
Albin : En France, je gagnais 3.000 euros net par mois (en auto-entreprise). Mais je déduisais à cette somme l’essence de mon véhicule et les charges liées à mon activité. J’avais dû mal à me faire un salaire correct.

Au Luxembourg, je gagne près de 2.500 euros net par mois et c’est ce que j’ai vraiment dans ma poche tous les mois. De plus, je cotise pour ma retraite d’une manière plus sereine et équitable. En France, vous voyez en ce moment les grèves pour la réforme des retraites, ça me fait peur.

Se confondre en excuses auprès des clients, insoutenable

Lesfrontaliers.lu : Pourquoi nous avoir dit que vous perdiez en qualité de vie au Luxembourg ?
Albin : J’ai dû adapter mes horaires, non pas à mon travail, mais bien aux aléas des transports. Je planifie mes horaires en fonction de la route. J’en suis arrivé là après tant d’années. Je pars très tôt vers 5h30 pour être sur mon chantier à 7h. Se confondre tous les matins en excuses auprès de tes clients pour expliquer que tu as galéré sur la route, c’est insoutenable pour un entrepreneur.

Enfin, en ce qui concerne la fin de journée, je pars vers 15h parce que j’ai ensuite de l’administratif à faire. Ma journée n’est pas vraiment finie.

Lesfrontaliers.lu : Et votre pause déjeuner ..?
Albin : Je n’en prends plus.

Conditions de travail plus enrichissantes et sécurisantes

Lesfrontaliers.lu :  Est-ce que le travail en tant que peintre est plus valorisant au Luxembourg qu’en France ?
Albin : Sans aucun doute. Les conditions de travail sont bien plus enrichissantes et sécurisantes qu’en France. Les luxembourgeois sont exigeants, ça vous pousse à avancer. De plus, un client ou une institution qui a de l’argent, peut utiliser des procédés innovants et dans le domaine de la peinture, ça ne manque pas. Pour donner un exemple, vous utilisez au Grand-Duché, une fibre à peinture avant de peindre un mur pour une meilleure accroche et un meilleur rendu. En France, ça n’existe pas.

Sorties “Vespa” au Luxembourg

Lesfrontaliers.lu : Avez-vous eu en cinq ans l’occasion de vous intégrer ?
Albin : J’ai la chance d’avoir une passion. Je fais partie du club de Vespa du Luxembourg et celui de Thionville. J’organise de nombreuses virées avec les deux clubs. Je connais le Grand-Duché sous son aspect travail et touristique. C’est un pays attractif.

Etre heureux, c’est le principal…

Lesfrontaliers.lu : Quelle leçon tireriez-vous de cette expérience professionnelle et personnelle si vous décidiez de rejoindre la France ?
Albin :  Je ne sais pas.  Je dirais que dans la vie, on doit tout faire pour être heureux. Et prendre des décisions, c’est le début du changement. L’argent ne fait pas tout le bonheur… mais il contribue indéniablement. Est-ce que le bonheur est en France, on verra ?

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