Catherine Kelsen a troqué son tailleur deux pièces au Luxembourg pour un tablier de pâtissière dans un petit village de Lorraine, Villers-la-Montagne, située à 20 minutes de la frontière luxembourgeoise.

Elle a décroché son CAP pâtissier

Maman de deux enfants, originaire de Mexy, elle est comme on dit dans le jargon « une ex-frontalière ». Elle a travaillé près de 20 ans dans le secteur de la banque au Luxembourg comme comptable pour des fonds d’investissement. Horaires de travail : 8h à 21h : « Je suis une bosseuse mais ce temps de travail était pour un employeur ». Aujourd’hui, cheffe d’entreprise, elle fait les mêmes heures mais cette fois-ci elle travaille pour sa société : « C’est un changement d’esprit et ce que je construis, c’est pour moi ».

Elle s’est formée à l’Ecole de la gastronomie Ferrandi à Paris. Elle était la plus âgée de la promotion. Catherine Kelsen a décroché son CAP pâtissier après quelques mois de formation « J’ai eu la chance d’être accompagnée et aidée par des personnalités de la profession comme le chef pâtissier de l’Elysée Régis Ferey ou encore Marc Alès, Meilleur Ouvrier de France 2000. C’est réconfortant » se rappelant, avec un peu d’amertume, les paroles de la DRH au Luxembourg qui lui a proposé de faire partie du plan social de l’entreprise : « On ferme ton service. Si tu veux faire autre chose, tu chercheras par toi-même. J’ai répondu ; pas de souci, on va faire comme ça ». Elle est partie avec quelques années de salaires et des indemnités qui lui ont permis de rebondir.

Une petite entreprise qui ne connaît pas la crise

Elle a quitté son emploi alors qu’elle gagnait bien sa vie : 4000 euros net par mois plus tous les avantages en nature mensuels et annuels. Maintenant, elle paie ses salariés et ne s’accorde aucun salaire : « Je fais partie du dispositif de l’ARE (Allocation chômage d’aide au retour à l’emploi) qui permet au nouveau chef d’entreprise de pouvoir vivre le temps que l’entreprise décolle ». Et sur ce point, Catherine Kelsen avoue sans ambages que « ça commence fort pour elle ».

A gauche au premier plan : Catherine Kelsen en compagnie de ses salariés et apprentis

 

Décembre 2020, en plein confinement, elle réalisait 130 bûches de Noël. Décembre 2021, son carnet de commandes est plein « Nous avons doublé notre activité. Une notoriété que je savoure. Mon pari était de changer les mentalités de mes clients en apportant moins de sucre, plus de goût, moins de parfums de synthèse, moins d’arômes naturels et des produits de saison uniquement ». Devant ce succès, Catherine Kelsen a déjà le projet d’agrandir le magasin, d’embaucher du personnel.

Vendre sur les réseaux sociaux

Autour de la grande table centrale en inox au centre de son laboratoire à Villers-la-Montagne, on parle crème pâtissière, génoise, truffes de Noël, bûches… On déguste, on échange, on partage. On en se marche pas sur les pieds dans l’atelier de Catherine, on se respecte. « Ca change du Luxembourg » glisse-t-elle avec une pointe d’humour.

Elle ne vend ses produits que sur les réseaux sociaux. Dernière publication sur Instagram, sa tartelette aux pommes Granny Smith décor façon Patrice Barboure qui a récolté près de 9000 j’aime…Et derrière tout ça, des ventes.

La période des fêtes de décembre est importante pour le chiffre d’affaires de l’entrepreneuse : « On s’active dans la bonne humeur pour faire plaisir aux centaines de papilles qui viendront chercher nos gâteaux » explique la jeune femme, comblée. Le Luxembourg et son rythme stressant et toxique « C’est bien fini ».

D’ailleurs, elle ne reviendrait pas en arrière. « Pendant de nombreuses années, j’ai attendu que mon employeur reconnaisse mes compétences par un petit merci ou c’est du bon travail. A présent, je me félicite seule de tout le parcours que j’ai accompli à la force de mon courage. Et je n’oublie jamais de remercier les personnes qui m’accompagnent. C’est le plus important ».

Généreuse, bienveillante mais surtout gourmande, Catherine Kelsen se réjouit de ce changement de vie : «  J’ai de nombreux collègues de travail qui viennent chercher des pâtisseries chez moi. C’est une grande satisfaction de leur apporter un peu de bonheur autour d’un dessert et dans leur assiette ».

Et si dans le domaine de la banque, tout peut être « très vite compliqué ». Dans la pâtisserie de Catherine Kelsen : « La simplicité est parfois ce qui marche le mieux. Pas besoin parfois d’aller chercher très loin pour que la vie vous sourit ». Il suffit souvent de traverser la frontière.

Lire Gabin : « Je passe de 4000 euros à 2000 euros par mois. Faire ce choix n’est pas simple »

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