Elle ne reconnaît plus ses fidèles clients du magasin : « Ils sont devenus agressifs. On a le sentiment que c’est chacun pour soi ». Dominique, 52 ans, est caissière mais aussi employée polyvalente dans un supermarché au Luxembourg, en charge du rayon frais. Depuis neuf ans, cette double casquette lui a permis de se constituer un réseau de consommateurs fidèles.

« Ils sont saisi par la peur »

Ses clients viennent régulièrement lui demander des conseils directement au supermarché sur des recettes de cuisine ou encore des aliments à acheter en fonction des saisons. Mais depuis l’annonce du confinement, et les déplacements qui sont restreints, ses clients ont changé : « saisi par la peur du manque, ils deviennent méchants. Les chariots débordent d’aliments inutiles. Les gens sont en panique ».

Elle avoue que la situation est dramatique puisqu’elle observe que les personnes, de manière générale cette fois, se déplacent tous les jours pour faire leurs achats :  « Comme ils ne sortent pas, faire les courses devient une balade. On vient en famille, ou à deux. C’est  inquiétant » s’alarme-t-elle.

Un panier moyen de 30 euros à 150 euros

Depuis trois semaines, le volume des produits dans les chariots a doublé comme en atteste les chiffres du magasin communiqués aux salariés tous les matins : « On est passé d’une moyenne de 250 colis à 450. C’est énorme. Et le panier moyen de 30 euros a franchi la barre des 150 euros. C’est du jamais vu ».

Quand Dominique demande à ses clients pourquoi ils prennent autant d’aliments, la réponse est sans appel : « On fait des réserves ». Des réserves qui selon elle, sont « absurdes. La solidarité n’existe plus. Les gens achètent pour acheter . Moi d’abord, les autres après ».

Même si le confinement, selon elle, est une bonne mesure pour lutter contre l’épidémie. Elle regrette, cependant, de voir les personnes détourner la réglementation mise en place et prendre des risques «  inconsidérés ».

Une atmosphère pesante au sein de l’entreprise

Elle travaille en heures décalées soit du matin, soit de l’après-midi. Depuis le Covid-19, elle avoue faire des heures supplémentaires parce que beaucoup de ses collègues sont en congés pour raisons familiales : « J’arrive le matin avec la boule au ventre. Le magasin tourne en effectif réduit. Nous avons plus de travail qu’avant ». La période est difficile pour les employés du supermarché.

Professionnelle, elle affirme aussi qu’elle a dû mal à suivre pour réapprovisionner ses rayons de frais. Elle est rapidement dévalisée : « Nous avons du stock mais comme je suis seule à tout gérer, je n’arrive plus à suivre. Je fais de mon mieux mais les clients ne sont jamais contents. L’atmosphère est pesante au sein de mon supermarché » confirme-t-elle.

Dominique a déjà vu dans des magasins, des responsables mettre une pancarte à l’entrée, en précisant que « l’amabilité et la courtoisie sont à respecter envers le personnel du magasin ».

Pas suffisamment de masques pour travailler

La sécurité pour les employés au sein de son entreprise est aussi préoccupante. Le directeur n’ayant pas pris l’ampleur du désastre sanitaire, les employés travaillent, avec un masque, qu’ils doivent porter toute la semaine. « Nous n’en avons pas suffisamment. En revanche, nous changeons nos gants tous le jours ».

Une peur qui se rajoute à son mal-être : « J‘ai peur le soir quand je rentre de mon travail de contaminer ma famille ».

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